Quels plans de travail choisir pour une cuisine réussie?
Élément essentiel d’une cuisine, le plan de travail concentre souvent une grande partie du budget du projet. Sa forme, sa couleur, sa matière influent fortement sur le style de la pièce et son rendu esthétique. Son matériau détermine, quant à lui, sa résistance à travers le temps et des précautions d’usage. C’est pourquoi, dès qu’il s’agit de dessiner un projet de cuisine, les idées se bousculent concernant le plan de travail. Ci-dessous, les réponses à toutes vos questions. Des règles suivies par les décorateurs aux tendances du design, des caractéristiques techniques des matériaux aux dernières innovations technologiques, voici tout ce qu’il faut savoir pour faire le bon choix. Avec en bonus, 34 photos inspirantes pour trouver les bons accords de couleurs et de matières dans la cuisine.
Question 1: faut-il un plan de travail assorti au sol ?
Oui, le revêtement de sol est littéralement la base d’une cuisine et, à ce titre, il doit fonctionner avec les comptoirs pour créer un espace cohérent du point de vue de la décoration. La teinte au sol sert de couleur de référence à partir de laquelle on choisit d’autres nuances, complémentaires ou dégradées, avec plus ou moins d’intensité lumineuse.
Un plan de travail plus clair que le sol, une option très appréciée
Un plan de travail plus clair que le sol est l’option souvent privilégiée par les architectes d’intérieur dans la mesure où les surfaces pâles reflètent mieux la lumière naturelle et artificielle. Ainsi, les teintes claires permettent soit de mettre en valeur la beauté d’une pièce baignée de lumière, soit de rehausser une pièce un peu trop dans l’ombre.
Gauche: sur un carrelage gris clair, cuisine coloris cachemire avec plan de travail imitation marbre. Architecte d'intérieur: Eba. Photo: Olivier Hallot. Droite: sur un carrelage beige, cuisine en bois avec plan de travail et évier intégré en marbre effet nuage Lasa Marmo. Réalisation: John Pawson. Projet Home Farm.
Gauche: sur un parquet gris anthracite, cuisine en bois foncé avec plan de travail en travertin. Modèle: Ratio, Molteni&C. Droite: sur un carrelage noir, cuisine en bois foncé avec plan de travail en marbre Breccia Capraia. Modèle de cuisine: Ratio, Molteni&C.
Un plan de travail plus foncé, une option possible si l’on évite l’effet « flaque sombre »
Marquant les traces d’eau calcaire, et focalisant le regard sur une zone visuellement écrasante, les plans de travail très sombres demandent un peu de réflexion. Leur emploi peut se justifier pour:
- créer un lien visuel entre les meubles bas et la crédence (ou les murs) quand le blanc tranche trop avec le reste du décor de la cuisine. Les teintes sombres peuvent alors permettre de créer une harmonie plus douce.
- rappeler une teinte sombre que l’on trouve ailleurs dans la pièce, sur des meubles, une niche, une crédence ou un mur par exemple.
Gauche: dans une pièce avec un sol en parquet, un plan de travail noir paré de veines blanches en stratifié HPL (Sahara noir) ou céramique (Inalco MDI couleur Azali Negro Natural) vient chapeauter des meubles en bois foncé. Modèle de cuisine: Yota chez Getaz Miauton. Droite: Sur un carrelage noir et entouré de murs noirs, une cuisine avec façade et plan de travail noir, Veriset.
Gauche: sur un carrelage en terre cuite, une cuisine avec un plan de travail bleu sombre qui vient rappeler celui des murs. Cuisine: Laminex. Architecte: studio Kennedy Nolan. Droite: sur un carrelage beige, une cuisine d'un beau vert, réhaussée par un plan de travail et un mur noir. Cuisine Easy Touch de Fust.
Question 2: effet bois, minéral ou aplat coloré sur un plan de travail ?
C’est une affaire de goût personnel. Aujourd’hui, la question ne se pose plus vraiment en termes de matériaux car les plans de travail en stratifié, en céramique et en pierre fritée peuvent imiter n’importe quelle finition de manière réaliste. La question est donc plutôt d’ordre esthétique, sachant qu’il faut toujours considérer la pièce dans sa globalité en décoration.
Du contraste de matière entre sol, façades et plans de travail
La tendance dans l’aménagement des cuisines est au mélange de matières entre le sol, les façades et les plans de travail. Beaucoup d’architectes d’intérieur assument ainsi des contrastes forts dans la matérialité. Par exemple, un parquet en bois se marie très bien avec des plans de travail en béton, en pierre ou en inox. Un sol en béton ciré ou couvert d’un carrelage à effet délavé s’associe parfaitement avec un plan de travail en pierre veinée ou mouchetée.
Gauche: le bois, la pierre et la terre cuite au sol s’associent harmonieusement pour donner une atmosphère luxueuse, sobre et chaleureuse à la cuisine de cette propriété. Façades en chêne massif cannelé, plans de travail en quarzit (une pierre naturelle). Photo: Paola Corsini. Droite: le plan de travail en inox joue les contrastes assumés avec le parquet à chevrons. Modèle de cuisine Veriset.
Gauche: sur un sol en béton, cuisine Alea de Varenna/Poliform avec plan de travail en pierre naturelle marron clair. Droite: sur un parquet en bois clair, plan de travail en acier foncé et façades verre. Modèle de cuisine Diesel par Scavolini.
Pas de contraste de matière entre plan de travail et sol
Dans ce cas, le plan de travail est considéré comme une prolongation esthétique du sol. Cette idée a longtemps parue incongrue dans la mesure où les matériaux faits pour nos pieds n’étaient en général pas ceux destinés aux plans de travail. Ainsi traditionnellement, le seul moyen de répéter les matières sur le sol et les comptoirs consistait à utiliser du bois, du béton ou de la pierre naturelle. Cependant, aujourd’hui de nouveaux types de matériaux en céramique – qui peuvent être produits sur des carreaux de plusieurs mètres de longueur et dans différentes épaisseurs – autorisent des effets de répétition entre le sol et le plan de travail, amenant un certain équilibre dans les teintes. Attention cependant, il est souvent préférable de jouer la carte du contraste que du « faussement pareil ».
Gauche et droite: sur des parquets en bois, des cuisines avec des plans de travail en bois. Architecte: Luke and Joanne McClelland. Photos: ZAC and ZAC.
Gauche: sur un revêtement de sol en marbre vert, une cuisine avec un plan de travail en marbre vert du guatemala. Modèle: Intarsio, Cesar Kitchen. Droite: une cuisine avec plan de travail et crédence en céramique grise identique à celle du carrelage. Fabricant: Kronos Ceramiche.
Gauche: plan de travail et carrelage au sol beige clair (Inpronta Terre, Italgraniti). Droite: sur un carrelage beige moyen, un cuisine dont le plan de travail en céramique (Inalco) est de la même intensité que celle du sol mais dans une nuance plus rosée. Modèle de cuisine Armony Cucine.
Pas (ou peu) de contraste de matière entre plan de travail et façades
On estime alors que le plan de travail est un élément appartenant visuellement aux meubles bas. Ainsi, plutôt que de considérer le plan de travail comme une surface horizontale supplémentaire, certains architectes estiment qu’il fait partie intégrante des meubles bas. Le plan de travail est du coup choisi dans la même matière que les joues des meubles bas, les tiroirs situés juste en dessous et/ou les façades des placards bas. On parle parfois de meubles « monoblocs » ou de plans de travail « ton sur ton » avec le mobilier. Quoiqu’il en soit, même en choisissant cette typologie de plan de travail, il est possible (et souvent souhaitable) d’amener du contraste de matières ailleurs dans la pièce.
Deux exemples de plans de travail considérés comme des éléments appartenant aux meubles. Gauche: un plan de travail, joues et façades réalisés dans le même matéiau (stratifié de haute qualité). Cuisine Sign, Ernesto Meda. Droite: un plan de travail en pierre légèrement plus bas que les façades des placards (effet bassine). Cuisine K21, Boffi.
Deux exemples de plans de travail considérés comme des éléments appartenant aux meubles sur des îlots monoblocs. Gauche: plan de travail, tiroirs et joues de meuble en acier brossé Eggersmann. Droite: plan de travail, tiroirs et joues de meuble en laiton bruni. Cuisine Ottone, Morath.
Deux exemples de plans de travail considérés comme des éléments appartenant aux meubles bas. Gauche: le marbre du plan de travail se retrouve sur les façades des tiroirs. Cuisine Sei, Euromobil. Droite : le stratifié du plan de travail se retrouve sur les joues du meuble et les façades de placard. Tiroirs habillés de bois d’orme. Cuisine Sei, Euromobil.
Question 3: quel budget pour son plan de travail ?
Si l’on peut parfois économiser sur les finitions de façades, la qualité du plan de travail distingue nettement les cuisines haut de gamme et bas de gamme.
Si l’on n’a pas le choix, opter pour un stratifié ordinaire s’avère la solution la moins chère. Le stratifié ordinaire désigne des panneaux de particules de bois agglomérées recouverts de plusieurs feuilles de papier kraft collées. S’il peut être simplement coloré, ce matériau peut aussi imiter le bois, la pierre, le béton. En outre, il a pour défaut d’être peu résistant aux chocs, aux rayures et difficile à réparer.
Les plans de travail les plus onéreux sont en général en pierre naturelle. Entre ces deux extrêmes, se situent un large choix de matériaux.
Question 4: quel choix de matériaux existe pour les plans de travail ?
Six matériaux sont traditionnellement utilisés sur un plan de travail :
- le stratifié ordinaire
- la pierre naturelle
- le bois naturel dans une certaine mesure
- le métal et l’inox
- le béton et le Ductal® qui fait partie de la famille des bétons
- le verre
Gauche: une cuisine toute en matérialité réalisée sur mesure par des artisans locaux, en béton moulé et chêne clair texturé. Architecte : Atelier Carrere Delphine. Droite : Béton coloré par la société anglaise Concreations. Architecte: Ben Allen, Marco Nicastro. Projet Denys Lasdun’s Keeling House. Photo : French+Tye.
Gauche: plan de travail en verre sur deux niveaux. Modèle de cuisine + Venovo de Poggenpohl. Droite: plan de travail en verre mat sur la cuisine Artematica Soft Outline, Valcucine.
Six types de matériaux high-tech sont aujourd’hui souvent
utilisés comme plan de travail:
- le stratifié compact HPL: au lieu d’avoir un cœur en fibres de bois, celui-ci se compose de couches de papier craft imprégnées de résine et comprimées à haute pression. L’extérieur est composé de couches de papier décor pouvant présenter de multiples aspects (bois, pierre…). Au final, le stratifié compact HPL est un matériau beaucoup plus dur que le stratifié ordinaire, qui trouve aussi bien sa place comme plan de travail que comme façades de portes. Le fabricant suisse Argolite propose des panneaux HPL avec de nombreuses structures de surfaces: qualité anti-traces de doigts, fonction aimantée, inscriptible…
- Le Fenix NTM®: c’est un matériau nouveau. Il s’agit d’un stratifié réalisé avec des résines et des nanotechnologies de manière à présenter des particularités uniques: il peut se réparer avec un fer à repasser; il présente une surface ultra mate, sans reflet, sur laquelle les traces de doigts sont invisibles. Ce n’est pas un matériau d’imitation de sorte qu’il présente une surface unie colorée.
Gauche et droite: plans de travail en Fenix.
- Le quartz recomposé comme celui de Stone Italia: en tant que matériau artificiel proposé par les cuisinistes, le quartz se compose majoritairement de quartz naturel et d’environ 6 ou 7% de résine. Son rendu visuel se présente généralement comme un aplat de couleur naturelle légèrement tachetée; son toucher est dur et froid comme la pierre. Il présente la même matière sur toute l’épaisseur du plan de travail ce qui fait que les traces de coups se verront beaucoup moins qu’avec le stratifié (il n’y aura pas de différence de couleur entre le cœur et la surface).
- Les résines minérales: les Solid Surfaces comme le Corian® détiennent environ 30% de résine. Elles présentent une surface colorée uniforme, avec la même matière sur toute l’épaisseur du plan de travail. Elles ont l’avantage d’être aussi faciles à tailler et découper que le bois. Cependant, elles sont légèrement plus fragiles que le quartz recomposé pour un usage en plan de travail.
- Les dalles en céramique XXL: celles-ci sont développées par divers fabricants de carrelage (Inalco…) et réalisées avec des matières très pures qui sont fondues à haute température selon un processus particulier de pressage par laminage, puis soumis à une technologie unique d’impression de décor Full Digital. Le plan de travail en céramique est une des grandes tendances du moment dans l’univers de la cuisine. Il imite parfaitement la pierre naturelle.
- Les surfaces ultra compactes avec du quartz: des matériaux contenant du quartz naturel et des minéraux issus du verre comme le Neolith® ou le Dekton® sont 100% naturels contrairement au quartz reconstitué. Ils font partie de la grande famille des matières céramiques. Cependant, ils ont fait évoluer la céramique traditionnelle afin de créer de nouveaux types de surfaces inexistantes jusque-là. Ces surfaces s’avèrent plus résistantes aux taches (résistance chimique) et à la chaleur (résistance thermique) que la céramique. Dans le Neolith®, les matières premières utilisées dans la production sont plus fines et plus minutieuses que dans le Dekton®. On parle parfois « surfaces minérales» ou de « pierre fritée » dans la mesure où le frittage est une recette de base de la céramique: on chauffe à haute température un amas de poudre pour que ses grains s’agglomèrent jusqu’à former une structure compacte. Quoiqu’il en soit, ces matériaux peuvent prendre de nombreux aspects.
Gauche: plan de travail en Neolith imitation marbre. Droite: plan de travail en Neolith imitation bois.
Question 5: quels matériaux imitent le mieux le marbre, la pierre et le bois sur un plan de travail?
Le stratifié HPL se décline en de nombreux aspects mais il reste un stratifié. En fonction du budget, et si l’on souhaite un décor pierre ou bois, il est préférable de se tourner vers un matériau d’imitation plus haut de gamme, soit les dalles en céramique XXL, soit les surfaces ultra compactes type Neolith® (voir plus haut).
Question 6: quels matériaux sont les plus résistants pour un plan de travail ?
Si les matériaux industriels hautement technologiques (liste question 4) sont conçus pour traverser les années, faire usage de matériaux plus purs ou plus nobles requièrent parfois davantage de précautions d’emploi.
- Le bois (photos question 2): le bois naturel est fragile, ce qui fait qu’il est rarement utilisé en plan de travail. Pour un décor bois, mieux vaut se tourner vers un stratifié de qualité ou du Neolith®.
- La pierre naturelle: le granit (qui peut être moucheté, veiné ou nappé de grandes taches) et le porphyre sont plus résistants aux taches que le calcaire et le marbre (photos question 1). Quoiqu’il en soit, la pierre s’avère toujours d’une grande dureté et résistante aux rayures.
Plans de travail en granit Valcucine.
- Le métal (photos question 2): ce matériau non poreux (et donc parfaitement hygiénique) s’avère résistant à la chaleur. Inconvénient: il se raye facilement s’il n’est pas brossé, ce qui peut néanmoins créer une patine que certains apprécient.
- Le béton (photos question 4): réalisés sur mesure, les plans de travail en béton possèdent une patine très particulière et peuvent être teintés de multiples façons. Ils demandent cependant certaines précautions d’emploi selon les traitements utilisés. Le Ductal®, qui fait partie de la famille des bétons, est une alternative assez courante sur les plans de travail.
- Enfin pour finir, le verre (photos question 4): prisé pour son aspect translucide (mat ou brillant, coloré ou non) et sa faible épaisseur, il présente une bonne résistance aux rayures et aux impacts. Il s’avère aussi non poreux (et donc insensible aux taches car il ne les absorbe pas). Cependant, un plan de travail en verre n’est pas toujours résistant aux chocs thermiques et peut laisser des traces de doigts lorsqu’il est brillant.
