Architecture

Quel bois pour une façade de maison?

12 Mai 2022

Matériau ancien traditionnel, le bois a su se rendre attractif aux yeux des architectes contemporains. Voilà en effet plusieurs années qu’il a dépassé le stade de l’artisanat pur pour atteindre les hautes spécifications techniques des procédés industriels. L’offre actuelle en matière de bardage de façades en témoigne. On trouve sur le marché plusieurs types de lames aux noms mystérieux: shou sugi ban, bois autoclave, bois rétifié… Dotés de traitements de protection spécifiques, ceux-ci nous évitent souvent d’appliquer de la lasure. Le point sur les différents types de lames de façades.

 

 

1. Le bois non traité

Ce type de bardage est sans imprégnation, ni couche de surface (type lasure), ni protection contre la corrosion. S’il demande très peu d’entretien, interviennent avec le temps des changements de couleur et un grisaillement irrégulier.

 

Parmi les essences de bois qui peuvent se passer de traitements se trouve le mélèze. D’autres bois sont aussi naturellement résistants aux intempéries et aux attaques d’insectes et de champignons comme le Douglas ou le Red cedar (cèdre rouge). Certains feuillus comme le châtaigner savent également bien se défendre contre les agressions extérieures.

 

© Lignum

Façade en bois naturel non traité. ©Lignum

 

 

2. Le bois protégé par une solution hydrofuge de surface

Il est courant d’appliquer sur les lames de bois naturel une solution hydrofuge (imperméabilisante): lasures, peintures, huiles, etc. Les huiles – qui pénètrent légèrement dans le bois et en saturent les pores du bois– le rendent hydrofuge tout en restant perméable à la vapeur d’eau. Elles peuvent assurer un grisaillement plus régulier du bois dans la mesure où l’eau fait partie des facteurs qui modifient la teinte des lames.

 

©Tom Bisig/Lignum

Bardage en sapin naturel couvert d’une huile naturelle teintée. Situés à proximité de Fribourg, ces pavillons occupent une surface au sol réduite de 5,5 par 5,5 mètres et se développent sur 4 niveaux. LVPH Architectes. ©Tom Bisig/Lignum

 

 

3. Le bois pré-grisé ou pré-grisaillement 

Le grisaillement n’a pas d’incidence sur la durabilité des bois. Cependant, il n’est pas forcément homogène, ce qui peut gêner d’un point de vue esthétique. En effet, pour les architectes, l’une des grandes difficultés est d’obtenir un grisaillement régulier sur toutes les façades d’un bâtiment, certaines parties étant plus exposées que d’autres.

 

Il existe plusieurs méthodes pour griser le bois, allant des lasures/peintures colorées à des procédés naturels. Étant donné que les peintures de pré-grisonnement n’ont pas pour vocation d’assurer une fonction protectrice du bois, un renouvellement périodique de la peinture n’est pas nécessaire ni prévu: celle-ci sera peu à peu lessivée et remplacée par la patine naturelle du bois. Pour citer une autre méthode, évoquons les lames Écogris développées par le groupe suisse Corbat Holding. Ce bardage est basé sur une altération et un «vieillissement prématuré» de la surface du bois grâce à deux éléments naturels: le soleil (et ses UV) ainsi que l’eau.

 

© J. Ayer/Lutz architectes

Bardage en sapin blanc pré-grisé par un procédé naturel. Maison familiale à Maules en Gruyère. Lutz Architectes. ©J. Ayer/Lutz architectes.

 

 

4. Le bois imprégné en autoclave  

Au cours d’un processus d’imprégnation qui peut durer jusqu’à vingt heures, des produits de préservation aqueux et inodores sont introduits sous pression dans le bois. Lors du processus, le bois est placé dans un compartiment étanche nommé autoclave, duquel l’air est expulsé, au profit de produits fongicides, vermicides et de traitements contre la putrescibilité qui vont s’infiltrer jusqu’au cœur des lames.

 

Le procédé d’imprégnation en autoclave augmente considérablement la durabilité du bois face aux agents de dégradation, tels que les champignons et les insectes. Il est utilisé sur des essences naturellement résistantes à la pourriture et à l’humidité, mais aussi sur des essences plus fragiles comme l’épicéa, le sapin et le pin. Certains architectes choisissent de couvrir les lames imprégnées en autoclave par une couche de protection hydrofuge.

 

L’imprégnation en autoclave présente l’avantage de traiter le bois en profondeur. Cependant, pour être considéré comme un procédé écologique, les produits utilisés lors du processus doivent être certifiés comme tels.

 

Par ailleurs, il faut noter que certains fabricants proposent des bois imprégnés en autoclave pré-grisaillés. Ils ajoutent des pigments de couleur grise lors de l’imprégnation sous pression.

 

© Alain Porta.

Lambris vertical en mélèze avec imprégnation de fond et traitement hydrofuge. Villa T.Keist, à Grandvaux. Architecte Alain Porta.

 

 

5. Le thermo-bois ou bois rétifié

Ce traitement est une alternative au bois imprégné en autoclave, avec l’avantage d’être sans ajout de produits. En effet, le bois traité thermiquement est un bois qui a été chauffé à haute température (entre 160°C et 260°C) pendant vingt-quatre à quarante-huit heures. Cela conduit à une modification permanente de ses cellules. Le thermo-bois permet d’abaisser durablement les coûts énergétiques: sa conductivité thermique est réduite de 20 à 25 % comparativement aux bois non traités de la même essence. Il possède également une meilleure stabilité dimensionnelle, en raison d’une moindre absorption d’eau. Cependant, s’il a été trop chauffé, le thermo-bois peut perdre en résistance.

 

©Tom Bisig/Lignum

Située à Arlesheim, cette maison privée est l’œuvre de Dorenbach AG Architectes (www.kren.ch). La façade est en châtaignier tessinois rétifié, c’est-à-dire chauffé à haute température, de manière à augmenter sa stabilité et sa durabilité. ©Tom Bisig/Lignum

 

 

6. La furfurylation ou procédé Kebony

Alternative au bois autoclave et au thermo-bois, le traitement Kebony engendre lui aussi une modification permanente des cellules du bois pour les rendre plus résistantes aux agressions (humidité, insectes, champignons). La technologie brevetée Kebony a été développée en Norvège. On la trouve en Suisse par exemple dans le catalogue de Balteschwiler. Le procédé consiste à imprégner le bois d’un bio-alcool obtenu à partir de déchets végétaux agricoles (cannes à sucre). Il ralentit le grisaillement du bois, mais ne l’empêche pas.

 

© fotohaus

Façade en Kebony dans une maison familiale à Hampshire. Projet Snug Architects. ©fotohaus

 

 

7. Le bois brûlé (yakisugi ou shou sugi ban)

Cette technique ancestrale appelée yakisugi ou shou sugi ban était traditionnellement associée à une essence de cèdre au Japon. Brûlé sur une couche superficielle, le bois acquiert une résistance supérieure face aux agents climatiques. En Suisse, certains fabricants proposent des bardages carbonisés de manière industrielle, avec du bois résineux européen (EcoNoir de Corbat Holding par exemple).

 

© Tonatiuh Ambrosetti et Danelia Droz. Parution EC2/2021

Façade en bois brûlé. Maison à Lausanne. Architectes: Atelier Nova. ©Tonatiuh Ambrosetti et Daniela Droz

 

 

EN PRATIQUE

Plus d’infos sur les traitements de façades en bois, Brochure 9: Construction bois- Façades (Lignum).

Plus d’infos sur le label de qualité suisse pour les bardages de façades, Lignum

 



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