Margaux de Penfentenyo, une designer nomade
Dans chaque numéro d’Espaces contemporains, la décoratrice suisse Élodie Raneri (J’aime pas les dimanches) nous livre un de ses coups de cœur du moment. Ce mois-ci, elle nous fait découvrir les œuvres et les accessoires de Margaux de Penfentenyo qui a habité à Zurich. Son univers singulier porte les couleurs de son mode de vie itinérant.
Artiste et designer d’origine française, Margaux de Penfentenyo incarne la vie nomade; elle a navigué entre le Mexique, la France, Zurich, Los Angeles, Miami et New York. Sa carrière artistique débute à l’école de Camondo à Paris où elle se forme en architecture d’intérieur et design de mobilier. Mais rapidement, elle embrasse un mode de vie ambulant, laissant libre cours à sa créativité itinérante.
Le premier chapitre de ce mode de vie itinérant s’écrit au Mexique en 2016, lorsqu’elle décide avec son mari d’y ouvrir un restaurant. C’est elle qui conçoit l’architecture d’intérieur et le design de mobilier avant de fonder dans ce pays son propre bureau design.
Depuis ce jour, Margaux crée des pièces uniques ou en petites séries, en privilégiant la récupération et la production artisanale. Son univers se déploie en formes organiques qu’elle manie avec talent. Son sens des couleurs s’exprime à travers la création de tapis, de mobilier, de luminaires et de textiles pour la maison inspirés de ses peintures.
Il faut dire que pour Margaux, la couleur est un langage à part entière, une poésie sans mots qui émeut et inspire. « Quand elles sont seules, les couleurs fonctionnent toujours mais la question est: comment les combine t’on ? C’est en rajoutant une couleur voisine que l’on crée une harmonie. Certaines sont intimement liées, telles des amies proches, tandis que d’autres se distancient par un fond blanc, laissant respirer les nuances».
La créativité de Margaux se nourrit également de ses rencontres, mais surtout de ses lieux de vie et de travail à travers le monde. Après le Mexique, c’est un long voyage en mer qui l’inspire en décembre 2023. Margaux saisit alors l’opportunité de traverser l’Atlantique, naviguant du Cap Vert jusqu’en Guadeloupe à bord d’un voilier. Pendant 19 jours, bercée par le vent et entourée de paysages à couper le souffle, elle voit naître l’impérieux besoin de créer quelque chose de véritablement artistique. C’est alors qu’armée de bobines, d’une aiguille et d’un morceau de tissu, elle brode un carnet de bord qui devient le souvenir palpable de ce voyage extraordinaire. Un journal intime aux dimensions imposantes de 1 x 0,70 m, et qu’il a été possible de réaliser malgré les contraintes de stabilité propres à la vie en mer.
Bien loin de cet univers marin, mais ici en Suisse où elle a habité, Margaux puise son inspiration dans les majestueuses montagnes et la richesse des forêts. C’est dans ce cadre qu’elle a commencé sa collaboration avec Charly Perritaz, menuisier et ébéniste fribourgeois de renom. Leur partenariat fructueux donne encore vie aujourd’hui à une multitude de créations pour la maison.
Car si Margaux a désormais rejoint les Etats-Unis, l’ébéniste et la designer continuent de travailler ensemble à distance. Le processus de transport et de logistique représente un défi majeur, ponctué de stress et de contraintes logistiques, mais la démarche reste la même: Margaux peint les pièces dès leur réception. Elle reste tout aussi fidèle aux rencontres qu’elle a réalisées à travers le monde, en continuant par exemple à collaborer avec une communauté de femmes mexicaine qui perpétue un savoir-faire dans la broderie ancestral.
D’ores et déjà, le travail de Margaux a pu être admiré à San Francisco, au Printemps à Paris et même à New York. Ses œuvres trouvent leur place aussi bien dans des magasins que des galeries dans la mesure ces dernières sollicitent Margaux pour des expositions. Elle a également participé à des événements prestigieux comme le Salone Satellite à Milan, l’Espace Commines à Paris et la Design Week de Mexico et a ainsi acquis une visibilité notable dans le milieu artistique.
Plus d’infos: mdepenfentenyo.corr