La lumineuse créatrice d’Adèle Dialog
Dans chaque numéro d’Espaces contemporains, la décoratrice suisse Élodie Raneri (J’aime pas les dimanches) nous livre un de ses coups de cœur du moment. Ce mois-ci, elle nous fait découvrir qui se cache derrière la marque Adèle Dialog. Un jeune label suisse qui propose des objets lumineux réunissant tout un tas de fonctions.
Alexandra Fuchs, créatrice d'Adèle Dialog.
Derrière Adèle Dialog se trouve la jeune créatrice Alexandra Fuchs âgée de 30 ans. Elle a installé son atelier, et partiellement son petit pied-à-terre, dans les usines Condor à Courfaivre (Jura). Depuis qu’on n’y construit plus de motos et de vélos militaires, les bâtiments ont en effet été transformés en divers ateliers d’artistes et en scène culturelle.
Alexandra a commencé sa carrière au sein de l’Atelier Oï après avoir obtenu son diplôme d’architecture à l’EPFL. Or en 2021, durant cette première année d’expérience professionnelle, une tumeur au cerveau lui est malheureusement détectée et elle doit interrompre son activité. Elle se retire alors chez elle, à Bienne, pour s’occuper de sa santé. C’est là qu’une aventure inattendue va commencer.
Lorsqu’elle est malade, Alexandra prend le temps d’analyser de plus près la décoration de son appartement et se rend compte que plusieurs de ses meubles sont accumulés au même endroit: un bac à plantes, une lampe, une table basse… Il lui vient alors l’idée de réunir tous ces meubles et accessoires pour n’en faire qu’une seule et même création.
Comme Alexandra le souligne, son appartement de Bienne fût le début et la découverte d’un nouveau type d’inspiration. Cette période très sombre de sa vie a finalement été le commencement d’une belle histoire entre son imagination et ses capacités manuelles.
Dans l'atelier d'Adèle Dialog.
C’est assez instinctivement qu’Alexandra a décidé d’utiliser sa machine à laser pour pouvoir matérialiser ce qu’elle avait en tête. Cependant, cette technique de fabrication a rapidement montrer des avantages. La désigneuse peut créer toutes sortes de découpes en plexi coloré et vendre ses objets par envoi postal. Le montage est très simple: on reçoit les pièces en kit et il n’y a plus qu’à les assembler les unes aux autres.
Du côté de ses sources d’inspiration, Alexandra affirme ne pas en avoir de particulières. Elle se retrouve néanmoins dans l’esthétique des années 60-70 qu’elle apprécie fortement. Elle aime aussi utiliser les courbes – dont le tracé est à chaque fois mûrement réfléchi – et les couleurs fortes qui donnent un caractère dynamique et une identité aux intérieurs.
Autre caractéristique de ses créations: elles s’allument toutes. Alexandra utilise des ampoules à calotte argentée qui diffusent la clarté vers le bas afin de nimber ses objets d’une sorte de robe lumineuse et poétique. Cela donne à ses meubles l’allure de créatures qui dansent; tels des sculptures ils peuvent amener toutes sortes d’émotions dans les intérieurs. Car l’idée avec eux n’est pas de créer avec un éclairage général fonctionnel mais plutôt de répartir divers points lumineux dans la pièce afin de favoriser des jeux d’ombres et de clarté.
Quelques créations d'Adèle Dialog.
En réalité, chaque « meuble-lampe » d’Adèle Dialog est en lien avec l’histoire personnelle d’Alexandra et témoigne de sa volonté de matérialiser ses émotions. Tel est par exemple le cas de sa création « Fanfaronne » de couleur rouge. La désigneuse l’a imaginée en pensant à sa maman, une femme forte et de caractère, qui avait à l’époque un flacon de parfum rouge.
Cette dimension très personnelle s’incarne dans le visuel mais aussi dans le récit qui accompagne chacun des objets de la désigneuse. Les textes qu’elle écrit évoquent une inspiration de couleur, une sensation corporelle, un parfum d’ambiance, une conversation entendue, des comptes et des mythes… Si bien que chez cette créatrice, la narration et la poésie sont en lien direct avec le design.
Dans l'atelier d'Adèle Dialog.
Quant à l’origine du nom de la marque Adèle Dialog? Il vient de la passion d’Alexandra pour le prénom « Adèle ». Le terme « dialog », lui, est une manière de qualifier tous les possibles qu’elle a pu réaliser suite à sa radiothérapie.
Aujourd’hui, Alexandra prévoit de diversifier les couleurs de sa collection de luminaires nommée « bravour sauvage ». Nous, on lui dit « bravo! » pour le courage qu’elle a montré.
Plus d’infos: adele-dialog.ch
