Architecture

La rénovation d’une maison d’alpage

13 Fév 2025

Vieille de presque 200 ans, cette bâtisse est un rural typique des constructions qu’on peut encore trouver au gré des alpages du Pays d’Enhaut. En s’appuyant sur l’existant, l’architecte suisse Ralph Germann a inscrit sa rénovation dans son histoire, en recourant aux trois matériaux d’origine: la pierre, le bois et la chaux. Il a travaillé dans l’intimité, le minimalisme, plutôt que dans l’ostentatoire, tout en conservant une certaine rudesse.

 

©Nicolas Sedlatcheck. Parution CR 2024/2025

La rénovation d'une maison d'alpage.

 

Datée des années 1830, cette bâtisse est nichée à 1300 mètres d’altitude et s’apparente à un grain de beauté à flanc de talus. Inscrite dans la pente, cette sorte de grange proposait alors un socle de murs en pierre et était surmontée d’un fenil en bois et d’une toiture traditionnelle « à la bernoise » composée de tavillons de mélèze.

 

Le gabarit originel ainsi que la silhouette générale ont été conservés tels quels. Et si certaines modifications sont significatives, elles se fondent dans l’ensemble pour une intégration la plus harmonieuse possible. C’est Ralph Germann, architecte orfèvre dès lors qu’il s’agit de marier des matériaux bruts comme le bois et le béton, qui s’est attelé à cette rénovation. « Une intervention contemporaine, explique-t-il, qui s’est faite dans le respect des matériaux utilisés à l’époque. L’objectif était aussi de conserver la signature de la maison, à savoir la lecture de l’usure en façade. »

 

Un soin tout particulier a été apporté aux imbrications entre la pierre, la chaux et le béton. Si le toit, lui, a été entièrement « retavillonné », les deux pans extérieurs ne l’ont été que partiellement au gré des besoins

 

©Nicolas Sedlatcheck. Parution CR 2024/2025

La rénovation d'une maison d'alpage.

 

©Nicolas Sedlatcheck. Parution CR 2024/2025

La rénovation d'une maison d'alpage.

 

La même modestie architecturale en intérieur

 

La rénovation de l’objet avait pour but de le transformer en chalet d’été. De travailler dans l’intimité plus que dans l’ostentatoire, et de veiller à conserver une certaine rudesse intérieure. Voire une forme de simplicité. D’où l’utilisation du béton du sol, aux murs, et parfois au plafond.

 

©Nicolas Sedlatcheck. Parution CR 2024/2025

L'usage du béton permet de conserver une certaine rudesse à l'intérieur.

 

Tel qu’à l’origine, le volume habitable a été épuré, neutralisé d’une certaine manière, ceci pour amener à une plus grande lisibilité des espaces. Si le bâti se réduit aujourd’hui à deux étages, le premier est ouvertement fonctionnel quand le second se veut plus habitationnel.

 

Le rez, paysan – dans son acception la plus noble qui soit – est bas de plafond et forcément un peu sombre de prime abord. En effet, les ouvertures respectent l’existant et épousent d’anciennes fenêtres ou systèmes de ventilation d’époque. Rare concession à la construction d’origine, une fenêtre couchée a été créée sur le devant de la maison – on en trouve deux autres, plus étroites, sur l’arrière – afin d’amener un surcroît de lumière naturelle.

 

Le fond de la construction recèle la technique, quand l’avant concentre la cuisine et la salle à manger. Une combinaison pratique qui forme un tout aussi contemporain qu’un témoignage des maisons paysannes où l’on pénétrait directement dans la pièce à vivre, la plus vitale.

 

Constitué d’épicéa plus que centenaire, démonté et séché à l’air libre avant d’être poncé et revalorisé, le mobilier constituant la crédence de la cuisine a été directement upcyclé des anciennes étables. Le résultat est sobre, mais brillant.

 

©Nicolas Sedlatcheck. Parution CR 2024/2025

Le rez-de-chaussée.

 

©Nicolas Sedlatcheck. Parution CR 2024/2025

Le rez-de-chaussée.

 

©Nicolas Sedlatcheck. Parution CR 2024/2025

Le rez-de-chaussée.

 

L’étage profite, lui, d’une double hauteur pour offrir deux chambres aux ouvertures latérales et coulissantes, tandis que le salon bénéficie d’une vue plongeante sur le bout oriental du Léman.

 

©Nicolas Sedlatcheck. Parution CR 2024/2025

L'étage.

 

©Nicolas Sedlatcheck. Parution CR 2024/2025

L'étage.

 

©Nicolas Sedlatcheck. Parution CR 2024/2025

L'étage.

 

©Nicolas Sedlatcheck. Parution CR 2024/2025

L'étage.

 

Entre les deux niveaux se glisse un savant mélange d’interstices, de lignes de fuite et de vides naturels qui permettent de jouer entre les espaces et de faire pénétrer la lumière naturelle ; cela en laissant circuler la chaleur intérieure produite uniquement par le poêle à bois du rez et la cheminée de l’étage.

 

Surmontant la porte d’entrée, on trouve encore une pierre, pas monumentale, mais suffisamment présente pour qu’elle soit structurante. « Il était évident de la conserver, ajoute Ralph Germann, tant elle a le statut d’une oeuvre d’art. » Comme un symbole qui semble contenir toute l’âme de la maison.

 

©Nicolas Sedlatcheck. Parution CR 2024/2025

Entre deux étages.

 

©Nicolas Sedlatcheck. Parution CR 2024/2025

Vue de la porte d'entrée depuis l'étage.

 



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