Un chalet à la grâce d’une tiny house
Réalisé dans les années soixante, non loin du village de Chippis dans le Valais, ce chalet avait été construit, d’une certaine manière, avec les moyens du bord et un décorum un tantinet pompeux. C’est désormais un objet réinventé qui a pris place grâce à l’intervention de l’architecte Claude Fabrizzi. En effet ici, un respect quasi sacré de l’enveloppe du bâtiment s’est conjugué à une transformation radicale du bâtiment.

Transformation Fabio Fabrizzi à Briey.
L’objet semble correspondre à merveille à l’idée qu’on se fait de la résidence de weekend typique made in Switzerland. «Il s’agit au départ d’une propriété familiale construite par mon grand-père maternel, entrepreneur en maçonnerie», précise Claude Fabrizzi, architecte du projet.
La construction a conservé le système structural massif avec des façades porteuses. Mais elle a été profondément modifiée dans sa structure organique. Notamment parce que le projet vient s’insérer à l’intérieur des façades conservées. On peut y voir le respect du travail grand-paternel, mais aussi celui d’avancer avec un budget serré afin de lui conserver son aspect modeste.
Un dessin archétypal

Transformation Fabio Fabrizzi à Briey.

Transformation Fabio Fabrizzi à Briey.
Presque basique dans sa définition première quand on le perçoit de trois quarts arrière, c’est un écrin redessiné dès lors qu’on l’aborde par la partie avant.
On découvre d’abord cette façade en bois brûlé – du mélèze – qui propose une forme de dessin archétypale de la maison dans la maison. Un effet visuel largement renforcé par la simplicité des trois ouvertures, chacune d’un format différent. Historiquement, l’habitat proposait un lambrissage horizontal, un peu daté esthétiquement parlant. Le bardage est désormais vertical, amenant plus de hauteur, plus d’aplomb d’une certaine manière.
Mais ce qui semble dominer par-dessus tout, c’est la cheminée, monumentale, expression du savoir-faire du grand-père maçon.

Transformation Fabio Fabrizzi à Briey.
La cheminée «servait autant à chauffer l’intérieur qu’au barbecue qu’on trouve sous l’entrée couverte », ajoute l’architecte. Elle est désormais bordée d’une terrasse de béton offrant une salle à manger extérieure quand il fait beau. Extension de l’espace intérieur tout autant qu’invitation à entrer, elle constitue un premier seuil dans la séquence d’accès au chalet.
Deux pierres de carrière, larges, rustiques, lui servent de marchepieds quasi naturels. Quant à la cheminée, elle a été nettoyée de son habillage empierré et offre désormais une continuité avec la dalle bétonnée. L’ensemble a été uniformisé par un crépi rustique à gros grain, histoire d’amener un rendu « simple, sans artifice ».
Un cocon en bois
Ce qui était suggéré par la façade extérieur est réalisé à l’intérieur avec la grâce d’une tiny house.

Transformation Fabio Fabrizzi à Briey.

Transformation Fabio Fabrizzi à Briey.
Dans ce mono volume en bois chaque espace est compté: des portes coulissantes ont été privilégiées pour un substantiel gain de place.
De plus, ouvert à moitié pour des raisons de réglementation, un jeu de double hauteur permet des dialogues spatiaux entre les niveaux. «À l’origine, explique Claude Fabrizzi, il n’existait qu’un seul étage, des combles aveugles. Pour que cela devienne habitable, nous avons dû ajouter 1,50 mètre de hauteur.» Le toit a donc été rehaussé d’autant et l’architecte en a profité pour redéfinir sa pente afin de lui donner un caractère plus alpestre.

Transformation Fabio Fabrizzi à Briey.

Transformation Fabio Fabrizzi à Briey.
On accède à l’escalier en se faufilant derrière l’espace dévolu au petit-déjeuner. Le système des marches qui font office de premier seuil marque ici les différences de niveaux. Un plancher intermédiaire a été construit à coup de solives et poteaux, à la manière d’un sommier en croix.

Transformation Fabio Fabrizzi à Briey.

Transformation Fabio Fabrizzi à Briey.
L’enveloppe intérieure est toute entière réalisée à base de panneaux contreplaqués de pin. Des panneaux industriels que l’architecte apprécie énormément, notamment « parce que leur veinage leur donne l’aspect des copeaux issus de la taille des crayons !» Ce qui ramène à cette idée d’une maison d’enfance, familiale.

Transformation Fabio Fabrizzi à Briey.

Transformation Fabio Fabrizzi à Briey.
On pourrait appliquer à cette maisonnette l’affirmation de Lavoisier «rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme», tant cette transformation a à voir avec une forme de respect contextuel. Et avec une approche qui dialogue entre ce qui a été fait par le passé et ce qu’on en fait maintenant.
Plus d’infos: sf-ar.ch