Architecture

20 architectures à (re) découvrir à Genève

13 Nov 2023

Vous cherchez à visiter Genève hors des sentiers battus? En dehors de la Vieille-Ville dominante – plus grande cité historique de Suisse – la cité possède divers bâtiments d’intérêt au regard de l’architecture du XXe et XXIe siècle.

Si Genève a longtemps pu sembler se refermer, architecturalement parlant, sur elle-même, elle bourgeonne aujourd’hui de mille feux.  Cela, par une forme de capillarité urbanistique où les nouveaux quartiers semblent sortir de terre les uns après les autres, créant de nouveaux pôles de vie et désacralisant ainsi le centre-ville. Mais aussi, puisque le canton est un territoire fortement contraint par sa superficie, en investissant les cieux, ou plus prosaïquement les toits d’immeubles existants. Comme souvent, il faut aller au-delà des apparences et prendre son temps pour découvrir ces témoignages et interventions architecturales d’hier et d’aujourd’hui.

 

1. L’ancienne usine SICLI, aujourd’hui Pavillon Sicli (1970)

Reconnaissable à sa coque asymétrique en béton mince qui semble léviter au cœur du futur quartier PAV, le Pavillon Sicli est un vaisseau spatial dont l’apparente fragilité de coquille d’œuf contraste avec les larges façades vitrées structurant l’édifice. Temple de l’architecture genevoise, chapeauté par la Fondation Pavillon Sicli – Architecture et Arts du Bâti, il abrite les conférences de la Maison de l’architecture, des salons dédiés au design, les prochains Rendez-vous de l’urbanisme ainsi qu’une partie des archives d’architecture de Genève et sa région dans son sous-sol.

 

Route des Acacias 45
Quartier Praille-Acacias-Vernets
pavillonsicli.ch 

 

©Guillaume Robert. Parution EC5/2023

La Pavillon Sicli.

 

 


2. La nouvelle Comédie de Genève (2021)

Tout de béton, verre et métal, le bâtiment de la nouvelle Comédie de Genève a rapidement imposé sa silhouette architecturale dans le tissu urbain environnant. Imaginé par le bureau parisien FRES Architectes, il brille par sa taille. Son aménagement a permis les dégagements alentour et redonné une dynamique à tout un quartier. Théâtre dans la ville, la Comédie est aussi une ville dans le théâtre avec ses deux salles de spectacle et deux autres de répétition, de nombreux ateliers de fabrication, un restaurant…

 

Esplanade Alice-Bailly 1
Quartier des Eaux-Vives
comedie.ch

 

© Yves André

La nouvelle Comédie de Genève (2021).

 

 


 

3 à 7. Quartier de Sécheron et des Nations

Longtemps, ce bout de ville n’existait que par la Genève internationale et ses organisations aux résonances acronymiques… L’ONU, l’OIT, l’OMM, l’OMS (bâtie par l’architecte Jean Tschumi) ou l’UIT. Récemment, Sécheron a depuis bénéficié d’une mue architecturale sans précédent, mixant local et international, avec une pléthore d’interventions à forte valeur: la Maison de la Paix (IPAS Architectes, 2008), la Maison des étudiants de l’IHEID (Lacroix / Chessex Architectes, 2012), la firme Japan Tobacco International (SOM, 2016), la Passerelle de la Paix (Pierre Alain Dupraz, 2014) ou l’amphithéâtre de l’OMPI (Behnisch Architekten, 2011). Un inventaire façon «pré verre».

 

©Thomas Jantscher. Parution EC5/2023

De gauche à droite: Japan Tobacco International, La Passerelle de la Paix, Maison des étudiants de l'IHEID, Genève.

 

 


 

8. Les Schtroumpfs (1984)

Non loin de la gare Cornavin se niche un drôle de complexe d’habitations qui renvoie autant à l’architecture de Gaudí qu’à celle d’Hundertwasser. Dus aux architectes Frei, Hunziker et Berthoud, Les Schtroumpfs sont un morceau d’utopie en pleine ville. Avec des immeubles déstructurés, comme déconstruits, dont les rondeurs viennent casser les géométries trop anguleuses. Les multiples formes et tailles des fenêtres s’empilent dans une construction enfantine un rien anarchique, et les terrasses semblent se répondre pour proposer l’idéal d’une vie de quartier.

 

Rue Louis-Favre 23-29
Quartier des Grottes

 

©Alain Grandchamp / Ville de Genève

Les Schtroumpfs, Genève.

 

©Alain Grandchamp / Ville de Genève

Les Schtroumpfs, Genève.

 

 


 

9. Volières du Bois de la Bâtie (2008)

Il est des architectures plus discrètes que d’autres où le structurel vise à l’essentiel. Au cœur du Bois de la Bâtie, les deux volières imaginées par le bureau Group8 ont été édifiées dans le plus grand respect de leur environnement. Pour s’en convaincre, il suffit de lever les yeux et de découvrir la dalle de béton – un nuage en suspension – qui délimite une forme de territoire inversé. Posée à 9 mètres du sol, cette dalle repose sur 16 piliers aux multiples nuances de gris et de vert qui prolongent les bois alentour d’une manière résolument poétique.

 

Quartier de la Jonction
group8.ch 

 

Volières du Bois de la Bâtie, Genève.

 

 


 

10 à 13. La promenade de Saint-Jean

Avant, entre 1857 et 1992, on découvrait ici une profonde tranchée creusée pour permettre au trafic ferroviaire d’arriver à la gare Cornavin. Aujourd’hui, les voies couvertes sont une pénétrante de mobilité douce faisant la jonction entre les quartiers Pic-Pic ou de l’Étang et le centre-ville. Elles sont aussi l’occasion de profiter d’une balade architecturale avec, au programme, la Maison Ronde de Maurice Braillard (1920), les architectures clefs en main des frères Honegger (années 60), l’immeuble d’habitation Cinégram (1906, 1920) ou encore Le plus petit jardin botanique de Suisse (PPJB), créé en 2023 en hommage au botaniste genevois Edmond Boissier.

 

Quartier de Saint-Jean
lesvoiescouvertes.ch, voiesla.com

 

©Catherine Gailloud.

La promenade de Saint-Jean, Genève.

 

©Catherine Gailloud.

Maison Ronde de Maurice Braillard, à voir sur la promenade de Saint-Jean.

 

 


 

14 à 16. Des surélévations qui font sens

Après quelques libertés prises avec les gabarits de certains ajouts, certaines surélévations se révèlent emblématiques d’une architecture intelligente et respectueuse de l’existant sans pour autant nier une certaine esthétique. C’est le cas, par exemple, du projet Wood in the Sky de group8/FdMP(2012), des trois étages ajoutés par Lacroix/Chessex Architectes au bout de la rue de Lausanne (n°139, 2020), de la rotonde à la place du Cirque de Bassi Carella Marello Architectes (2010). C’est le nouveau terrain de jeu des architectes. Et autant de bonnes raisons de lever les yeux au ciel.

 

Quartiers de Saint-Jean, des Pâquis, de Plainpalais.

 

©Federal Studio. Parution EC5/2023.

Immeuble Wood in the Sky, Genève.

 

 


 

17. L’immeuble Clarté (1932)

Surnommé «la maison de verre», l’immeuble Clarté est un bâtiment locatif comprenant une cinquantaine d’appartements allant du studio au duplex de 8 pièces. Construit entre 1930 et 1932 par le duo formé de Pierre Jeanneret et Le Corbusier, elle est un manifeste du mouvement moderne et l’occasion pour ce dernier d’exprimer son concept des «cinq points d’une architecture nouvelle»: pilotis, toiture-terrasse, plan libre, façade libre et fenêtre en bandeau. Depuis 2016, Clarté est inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO.

 

Rue Saint-Laurent 2/4
Quartier des Eaux-Vives
fondationclarte.ch

 

©Ville de Genève / Didier Jordan

L'immeuble Clarté, Genève.

 

 


 

18. La Cité du Lignon (années 60)

Imaginé initialement comme une solution temporaire à la crise du logement des années 1960, l’ensemble dessiné par les architectes Addor, Julliard, Payot et Bolliger propose près de 2800 appartements et un bâtiment principal long de plus d’un kilomètre. Rénové entre 2012 et 2022 par le bureau Jaccaud + Associés, le projet de transformation a été illico récompensé d’un prix Europa Nostra, d’un Arc Award 2022 et d’un Lapin d’or décerné par le magazine Hochparterre et le Musée du design de Zurich.

 

Quartier du Lignon, Vernier
lignon.ch et jaccaud-associes.ch

 

©Paola Corsini. Parution EC5/2023

Quartier du Lignon, Genève.

 

 


 

19-20. Brutalisme (années 70)

Le mouvement brutaliste a toujours la cote. Si l’on adore, abstraction faite de son enveloppe extérieure, le caillou brut de décoffrage qu’est le CICG d’Alberto Camenzind (1973), André et François Gaillard, il ne faut pas manquer «La Tulipe» érigée par Jack V. Bertoli au milieu des années 1970. Étonnante fleur de béton et de verre qui symbolise la structure tout en reflétant la beauté et la fragilité de la plante, elle est typique du «principe de transparence architecturale» propre au mouvement. Une carte du brutalisme en Suisse est disponible sur heartbrut.com

 

Centre international de conférences
Rue de Varembé 17
Quartier des Nations

 

La Tulipe
Avenue de la Roseraie 64
Quartier de Plainpalais / Champel

 

©Karin Bürki / HEARTBRUT. Parution EC5/2023.

La Tulipe, Genève.

 

À lire pour en savoir plus sur l’architecture genevoise:

  • Collection Ensembles urbains, éd. Infolio.
  • L’architecture à Genève 1919-1975 et 1976-2000, Jean-Marc Lamunière, éd. Infolio.
  • L’architecture à Genève XXIe siècle, Jean-Marc Lamunière et Philippe Meier, éd. Infolio.

 

Pour découvrir davantage encore: 

 

 

 



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