Transformer plutôt que démolir
Reconvertir, rehausser, élargir les immeubles sont des solutions beaucoup moins coûteuses que la reconstruction. Cela tant du point de vue financier que de l’impact sur le climat. Pour autant, la transformation met au défit les architectes de trouver des solutions innovantes pour éviter la démolition ou la sous-exploitation des bâtiments. Cinq projets d’architecture réalisés récemment en Suisse romande.
1. Une surélévation avec façade solaire
Maître d’ouvrage: Realstone
Lieu: Lausanne, route de Berne n°2
Dans le cadre des travaux de rénovation et de surélévation de ce bâtiment des années 1970, le maître de l’ouvrage Realstone SA souhaitait un standard énergétique de haut niveau afin qu’il puisse aussi servir d’exemple pour d’autres bâtiments de son parc immobilier encore à rénover. En toiture et en façade, l’électricité photovoltaïque couvre la moitié des besoins en électricité de l’immeuble de cinq étages.
2. Une greffe en faïence
Bureau: Biolley Pollini Architectes et MAP Architectes
Lieu: Lausanne, chemin de Risoux
Le chemin du Risoux est composé d’immeubles non contigus de quatre niveaux, aux façades crépies et agrémentées de balcons, corniches et encadrements modestes. Le projet a consisté à rapprocher deux bâtisses jusqu’à former un nouvel objet hybride et mitoyen. L’extension a été organisée en deux parties relatives à chaque parcelle mais exprimée en un objet distinct avec une apparence unitaire. Afin de lui donner une identité propre, les architectes ont choisi de revêtir cette structure bois de carreaux de faïence émaillée fabriqués en France de manière presque artisanale et dont la variation irrégulière de teinte et de surface confère au volume une vibration unique.
3. Un nouveau toit de deux étages
Bureau GAA Girona Architectes+Associés
Lieu: Fribourg
Dans un milieu bâti relativement dense, le remplacement des galetas par une surélévation a permis de mettre en valeur un objet bénéficiant d’une situation urbaine de premier ordre en ville de Fribourg.Cette surélévation a généré deux niveaux d’habitation comprenant douze appartements supplémentaires. L’un des enjeux majeurs de ce projet a été d’intégrer les loggias dans la volumétrie de la toiture en s’inspirant des mansardes parisiennes. « Si nous avions évidé les angles pour créer des balcons ouverts, nous aurions alors perdu ce langage de toiture », expliquent les architectes. Les stores des loggias ont été placés dans le plan des façades. Les percements des fenêtres et des loggias se confondent, favorisant ainsi une lecture homogène de la volumétrie.
4. Un mélange des genres
Lieu: Vevey
Situé dans un ancien quartier artisanal au centre-ville de Vevey, cette surélévation réalisée par le bureau Rapin Saiz Architectes prend place sur un immeuble d’angle lui-même constitué de couches successives. D’abord maison individuelle à R+1, le bâtiment est devenu immeuble de rapport au début du 20e siècle avec l’ajout d’un deuxième étage. La création d’un troisième étage – et donc d’un quatrième appartement – a permis de rénover l’ensemble et de donner corps à un projet cohérent. Mise en valeur par une imprégnation opaque rouge en contraste avec la façade minérale rénovée dans des tons sobres, la surélévation est conçue en bois et s’inscrit dans la continuité du volume du bâtiment. De côté, sur cour, la lecture est différente: la façade, très vitrée, s’accorde avec la structure et le langage des galeries en bois des appartements dessous. Les limites entre l’ancien et le nouveau se troublent.
5. Un ajout tout en discrétion
Bureau Lacroix Chessex
Lieu: Genève, rue de Lausanne 139
En ajoutant trois niveaux à cette barre des années 1960, rue de Lausanne 139, le bureau Lacroix Chessex a complété sa forme et transformé le long mur trapu en un objet élancé qui peut exister parmi ses voisins contemporains du quartier de la gare de Genève-Sécheron. La surélévation a pu être construite en béton, en continuité avec l’ossature et la façade. Côté lac, les balcons filants mais étagés en retrait appuient en légèreté l’horizontalité de l’ensemble, tandis qu’à l’arrière les parapets fusionnent avec les verticales pour s’accorder à la grille existante. En optimisant le nombre de pièces et en se libérant de l’adéquation structure-cloisonnement, les architectes ont pu ajouter cinquante appartements. s’accorder à la grille existante.