Brutalisme: une maison où l’eau et le béton fusionnent
L’architecte australien Renato d’Ettorre aime créer des lieux « beaux et singuliers, qui apaisent et stimulent à la fois, qui comblent les sens et qui élèvent l’âme ». Exemple avec la spectaculaire villa Solis située sur l’île Hamilton. Un éden majestueux offrant un panorama à perte de vue sur la mer de Corail, des piscines tentaculaires qui pénètrent jusqu’à l’intérieur et des bassins surplombant le toit.
L’île Hamilton est l’une des quelque septante îles, pour la plupart inhabitées, d’un archipel jouxtant la Grande Barrière de Corail à quelques milles marins de la côte nord-est de l’Australie. L’architecte australien Renato d’Ettorre, d’origine italienne, connaissait bien ce joyau subtropical très «sélect», puisqu’il venait d’y parachever une grandiose demeure et y étudiait divers autres projets.
La villa présentée ici s’élève sur trois niveaux. Elle prend place sur parcelle très escarpée. Les sculpturaux rochers, émergeant de la végétation tropicale qui habille le terrain, ont été intégrés au projet.
Sur le plan des matériaux, Renato d’Ettorre a dû se plier à un certain nombre de contraintes imposées tant par l’effet délétère du climat que par les règles d’urbanisme locales très pointilleuses. Il était par ailleurs impératif que cette maison de vacances nécessite un minimum d’entretien. Le bois était donc exclu, de même que toutes façades peintes en blanc, trop voyantes et trop sensibles aux aléas climatiques.
L’architecte a donc opté prioritairement pour le béton, «qui présente toute une gamme de textures et de nuances», indique-t-il. Résistant, il peut en outre être mis en œuvre de maintes façons. Sous forme brute, il se fond avec les roches environnantes, et lorsqu’il laisse apparaître les traces du coffrage, il ressemble à du lambris.
Pour éviter un inesthétique effet de masse et accentuer la clarté, l’architecte a aussi décidé de recourir largement au travertin, dont les teintes varient du blanc au gris en passant par le beige. Quelques parois et murets en pierre sèche d’un ton plus soutenu complètent le sobre décor tout en parachevant l’intégration de la construction au site.
Les divers matériaux – aussi doux à la vue qu’agréables au toucher – se conjuguent pour entretenir une douce luminosité tout en préservant une fraîcheur bienvenue dans cette région dont la température moyenne est de 26 degrés sur l’année, mais largement plus élevée en été.
Si le climat subtropical impose maintes contraintes techniques, il offre aussi un vaste champ d’expérimentation aux architectes quant aux ouvertures. Dans cet éden à l’australienne, on ne peut distinguer l’avant de l’arrière. Il est tout aussi difficile de distinguer l’intérieur de l’extérieur. Les pistes sont brouillées.
Un labyrinthe de piscines, d’étangs et de ruisseaux d’eau traversant l’intérieur et donne l’illusion que la maison flotte. La maison dispose ainsi, par exemple, de trois piscines. La première piscine encercle presque tout le niveau du rez de chaussée. La deuxième est séparée de la maison elle-même, faisant partie du barbecue extérieur et de l’espace de divertissement donnant sur un jardin et un accès direct à la mer. La troisième piscine est située au niveau des chambres d’hôtes.
Aussi essentiel qu’invisible, l’un des matériaux rois de cette construction est le verre. La plupart des façades sont des parois vitrées coulissantes, ouvertes en permanence lorsque les lieux sont occupés, mais également conçues pour protéger l’intérieur en cas d’intempéries et en l’absence des propriétaires.
Elles offrent alternativement aux regards d’immenses panoramas sur la mer de Corail ou de petits tableaux de nature encadrés de béton. Elles ouvrent de toutes parts des perspectives sur les multiples recoins de la maison.
Au dedans, à côté du grand salon couvert dominant la cime des arbres, divers petits salons et coins repas sont dispersés çà et là. L’élégant bloc cuisine est accessible aussi facilement depuis l’intérieur que depuis l’extérieur. La maison dispose également de nombreuses chambres, de cinq salles de bain et d’une salle de sport. Au hasard des déambulations, on découvre, enfin, de frais couloirs ombragés.