Dans un jardin d’Eden
Réalisée dans les années soixante par deux architectes français soucieux de mêler architecture bâtie et paysage, cette villa du Sud de la France possède un charme particulier. Elle a été rénovée dans le respect du projet d’origine par le bureau lausannois 2b architectes qui a adopté les principes de cette architecture non démonstrative et repensé son décor vintage.
Implantée au bord de la Méditerranée, dans le domaine privé du Gaou Bénat sur la commune de Bormes-les-Mimosas, la maison se développe en terrasses, sur un terrain en légère pente vers la mer, immergé dans une végétation luxuriante. Ce domaine singulier – aux règles urbaines, architecturales et paysagères établies à la fin des années 1950 par les architectes André Lefèvre et Jean Aubert – a généré depuis, dans un respect profond du lieu et de son paysage méditerranéen, plus de 750 maisons sur environ 160 hectares en bord de mer.
À la fois matériellement semblables, mais typologiquement et morphologiquement différentes, ces maisons jouent de la topographie et de la végétation présente, dans un mimétisme et une singularité mêlant écriture commune et différences, genius loci et modestie, architecture et paysage, reprenant ainsi les propos d’André Lefèvre : «Quand un site est si beau, il serait dommageable de le blesser avec une architecture orgueilleuse. Le mieux est de s’effacer au maximum, pour faire disparaître les maisons dans la végétation.»
Prenant place délicatement dans la pente, entre les arbres, la construction qui nous intéresse ici se structure sous forme de plusieurs restanques (un terme issu du provençal désignant des murs de retenu en pierre sèche), aménagées en terrasses et offrant une multitude de prolongements extérieurs.
Une grande terrasse étend le séjour au sud alors qu’en contrebas, une piscine prend place, en lien direct avec les chambres. En direction de la mer, située à 500 mètres, un vaste jardin planté d’essences méditerranéennes complète les prolongements extérieurs de la maison. Articulée selon le terrain naturel sur deux niveaux, totalisant environ 90 m2, l’habitation se compose d’un grand séjour avec cheminée, d’une cuisine laboratoire et de trois chambres indépendantes, accompagnées de deux salles de bain et d’un WC ainsi que d’une chambre indépendante et de sa salle de bain se trouvant sous la terrasse principale.
L’accès à la maison se fait en contrebas de la route par une rampe dallée menant à un grand patio d’entrée occupé par un pin déjà présent au moment de la construction. Quant aux toits-jardins végétalisés avec des plantes indigènes, ils constituent d’excellentes protections thermiques et deviennent des prolongements partiels depuis certaines chambres.
Une rénovation fidèle
En 2018, la maison a été entièrement rénovée et meublée dans le respect de son architecture et dans l’esprit des années de sa construction. La transformation accomplie par le bureau 2b architectes a voulu réinterpréter, sans dénaturer, le caractère et les matérialités présentes: carreaux de grès cérame posés sans joints sur l’entier des sols, les salles de bain et le plan de travail de la cuisine; déclinaisons de couleurs sixties selon les espaces et programmes; restauration et parfois reconstruction dans l’esprit d’origine des fenêtres, des volets et persiennes, des armoires intégrées et des meubles en bois de la cuisine. Quant au choix des interrupteurs électriques et de la robinetterie en cuivre, il a été fait dans le respect du vocabulaire stylistique et matériel présent, en respectant l’époque de construction.
Avec on architecture modeste et sensible, cette maison entièrement restaurée il y a quelques années offre un refuge idéal pour des séjours autarciques, par l’économie et l’intelligence de ses principes typologiques et architecturaux. Dans l’esprit de ce qui, pour certains, se rapproche de l’idée hédoniste d’un jardin d’Eden.