Space Age, du cinéma au design
Jusqu’au 29 octobre, la Cinémathèque suisse propose au Casino de Montbenon à Lausanne plus d’une trentaine de films de science-fiction. Cette vaste rétrospective balaye plus de 100 ans d’histoire du cinéma, des classiques américains aux raretés venues d’ailleurs. Une belle occasion pour les amateurs de design de se replonger dans l’esthétique du courant créatif « Space Age ».
La rétrospective cinématographique « Cosmos » a été réalisée en collaboration avec le Musée cantonal de design et d’arts appliqués (mudac) qui présente à Lausanne deux expositions et des animations sur le thème « Space is the place » jusqu’au 4 février 2024. La richesse du programme cinématographique (ici) permet de mesurer à quel point l’exploration spatiale a façonné l’imaginaire populaire à toutes les époques, des rêves de conquêtes aux fantasmes scientifiques, en passant par des questionnements plus philosophiques sur la condition humaine et l’avenir de notre espèce.
Or, si l’on s’arrête plus spécifiquement sur les années 60, il ressort que de nombreux films de science-fiction ont alors reflété un courant esthétique important, développé « pour la vraie vie » en architecture d’intérieur. Les cinéastes avaient recours aux nouvelles créations des designers de leur temps pour évoquer des époques futures. Et les décors du cinéma de science-fiction se sont ainsi remplis de meubles aux formes arrondies, réalisés en matériaux nouveaux, signés de créateurs du moment.
De ce fait, les films des années 60-70 témoignent encore aujourd’hui d’une période où le design célébrait l’avenir technologique, voir même parfois la conquête spatiale. Il suffit de regarder tous ces objets domestiques en forme de fusées, d’ovnis ou de casques de cosmonaute pour s’en convaincre, comme l’illustrent le téléviseur sphérique Keracolor de l’anglais Arthur Bracegirdle, la suspension UFO de l’italien Luigi Colani, le fauteuil en forme d’œuf du danois Henrik Thor-Larsen ou le siège-boule du finlandais Eero Saarinen. Le terme « Space Age » a été théorisé au Brookly Museum of Art (New York) en 2001 pour désigner cet enthousiasme pour les formes rondes issues de l’iconographie atomique et cellulaire.
Curieusement d’ailleurs, certaines pièces de mobilier sont tellement devenues cultes grâce aux films des sixties qu’elles ont été utilisées au cinéma, bien plus tard, pour évoquer un avenir très lointain. A suivre ainsi, huit meubles iconiques des décors de science-fiction issus des années 60.
1. Le fauteuil Djinn, design Olivier Mourgue en 1964-1965
Editeur: l’édition d’origine a été commercialisée par Airborne jusqu’en 1974. Le meuble n’est plus disponible que d’occasion.
Exemple de film: 2001, L’Odyssée de l’espace (1968).
2. Le fauteuil Ribbon, design Pierre Paulin en 1966
Editeur: modèle aujourd’hui réédité par Artifort.
Exemples de films: Star Trek: The Original Serie (1966-1969), Les diamants sont éternels (1971), Blade Runner 2049 (2017).
3. Elda chair, design Joe Colombo en 1963
Editeur: le fauteuil est aujourd’hui réédité par Longhi.
Exemples de films: Hibernatus (1969), L’espion qui m’aimait (1977), Hunger Games (2012)
4. Desserte Boby, design Joe Colombo en 1969
Editeur: le fauteuil est aujourd’hui réédité B-Line.
Exemples de films: série Cosmos 1999 (1975-1977), Star Trek: Discovery (2017)
5. Fauteuil Tulip, design Eero Saarinen en 1957
Editeur: le chaise et le fauteuil sont aujourd’hui réédités par Knoll.
Exemples de films: Star Trek The Original TV series (1966-1969), Orange mécanique (1971) pour la version avec accoudoirs.
6. Fauteuil Ball Chair, design Eero Aamo en 1963
Editeur: Eero Aarnio originals
Exemples de films: Casino Royale (1967), Série Le Prisonnier (1967), Tommy (1975), Mars Attacks (1996)
7. Ovalia Egg Chair, design Henrik Thor-Larsen en 1968
Editeur: l’édition originale était produite par Torlan Staffanstorp Sweden. Si le siège n’est plus produit aujourd’hui, le site ovalia.com donne de nombreuses informations à son propos.
Exemple de film: Men in Black (1997)
8. Ox Chair, design Hans J.Wegner en 1960
Editeur: La fauteuil « bœuf » est édité par Erik Jorgensen, marque qui a aujourd’hui fusionné avec Fredericia.
Exemple de film: Austin Powers (1997)