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Des communautés citoyennes pour se réapproprier l’énergie

06 Juin 2024

S’impliquer dans le développement du bio et du local ne vaut pas seulement pour les denrées alimentaires et les produits manufacturiers mais aussi pour l’énergie. Afin de favoriser une production d’énergie qui ne soit plus en main de quelques acteurs mais de tout un ensemble de citoyens qui contribue à l’autonomie du pays, de nouveaux modèles économiques participatifs se développent. Ces modèles communautaires, qui prennent mieux en compte l’aspect financier pour le citoyen, sont destinés à accélérer la transition énergétique.

 

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Une installation photovoltaïque réalisée par GTS Solar.

 

1. Se regrouper pour produire et consommer in situ

En Suisse, une des idées approuvée le 9 juin 2024 par la votation sur la loi pour l’électricité est de créer des communautés électriques locales (CEL). La CEL regroupe des personnes physiques ou morales qui s’engagent dans un projet de production et de consommation d’électricité renouvelable. Elle réunit ainsi des membres qui commercialisent de l’électricité qu’ils ont eux-mêmes produites. Ces communautés peuvent aller de deux villas voisines au quartier jusqu’à la surface d’une commune maximum. Dans l’absolu, des communautés peuvent être créées pour produire toutes les sources d’énergie vertes mais le dispositif de la CEL vise en particulier les installations photovoltaïques qui restent techniquement plus simples et moins coûteuses pour le producteur privé.

 

L’idée de la CEL est de favoriser la consommation propre en faisant en sorte que l’utilisateur et ses voisins puissent davantage consommer l’énergie qu’ils produisent. L’objectif n’est pas forcément d’arriver à l’autonomie complète d’un groupe de bâtiments dans la mesure où, à l’échelle de quelques villas, les systèmes de stockage de l’énergie photovoltaïque ne sont pas suffisamment performants. De même, à une échelle plus large, le canton peut avoir besoin d’utiliser l’énergie produite par des privés pour toutes sortes d’application; l’objectif du pays étant d’acquérir un maximum d’indépendance énergétique afin de réduire l’impact des fluctuations des prix de l’énergie.

 

En réalité, les communautés électriques locales apparaissent comme une bonne solution dans la mesure où elles permettent à leurs propriétaires d’exploiter de manière plus rentable les installations photovoltaïques. Elles diminuent en effet la quantité de surplus qu’il faut revendre au gestionnaire de réseau. « L’idée est de valoriser l’énergie produite localement en la revendant aux membres d’une communauté de consommateurs régionaux à un tarif plus intéressant que le kWh vendu au gestionnaire de réseau », explique Christophe Greensmith, directeur commercial de GTS Solar. En incitant à l’investissement privé et en délestant des réseaux, la CEL pourrait ainsi accélérer la transition énergétique.

 

Techniquement, il était déjà possible en Suisse de partager la production et la consommation d’énergie mais il est interdit d’utiliser le réseau public pour opérer ce partage. Les lots d’immeubles qui consommaient l’énergie qu’ils produisaient devaient avoir posé leur propre réseau privé.  Or,  la CEL facilite grandement le partage de la production et de la consommation d’énergie dans la mesure où il est possible d’utiliser le réseau public pour cela. Selon la loi, des communautés n’auraient pas besoin d’opérer de travaux et tout devrait lui être mis à disposition. Cependant dans les faits, il est probable que le recours à des prestataires soit nécessaire, notamment pour la digitalisation des données. Il faudra aussi attendre la parution des ordonnances pour réaliser des études technico-économiques sur la rentabilité du dispositif.

 

Quoiqu’il en soit, le projet de CEL entérine un tournant dans l’approche de la construction. On passe là d’une approche micro, au cas par cas, où chaque maison ou bâtiment développe sa solution pour couvrir l’équivalent de ses besoins, à une approche architecturale plus large. De même le concept de CEL encourage une réflexion collective au niveau local pour optimiser l’utilisation du réseau existant.

 

2. Se regrouper pour produire et fournir de l’électricité verte

 

© SIG

Centrale photovoltaïque sur le Stade de Genève.

 

Si les Communautés électriques locales (CEL) sont un nouveau modèle de gestion économique, les coopératives d’énergie citoyennes sont les premières communautés énergétiques à avoir vu le jour sur notre territoire. On peut ainsi citer Enerko à Genève, OptimaSolar à Fribourg ou encore Coopsol à Neuchâtel. Celles-ci regroupent des personnes physiques ou morales qui portent des initiatives énergétiques locales en montant des projets de centrales solaires (ou d’autres énergies) dans des lieux souvent publics. Leur objectif est de contrôler et de se réapproprier des infrastructures énergétiques, de favoriser le déploiement d’une énergie plus verte et d’assurer une distribution locale des bénéfices financiers.

 

Enfin parallèlement existe d’ores et déjà un autre modèle de production d’énergie participative. Si dans les coopératives, les « activateurs de la transition énergétique» se chargent des projets d’installation de A à Z, certaines réalisations ont été davantage pilotées par des services publics. Tel est le cas du modèle de l’association de la Fondation du Stade de Genève et les Services Industriels de Genève (SIG), qui a permis de construire une centrale solaire de 5 000 m2 sur le toit du Stade de Genève. Ici, 2 100 genevois ont pu souscrire à des parts de la centrale photovoltaïque.

 

C’est en offrant divers modèles de mutualisation des infrastructures, permettant à tous types d’acteurs de reprendre la main sur la production d’énergie, que l’on pourra accélérer la transition écologique.

 



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