La nouvelle vie d’une maison Girolle
À la pointe du Cap Ferret, cette maison typique des années 1960 a été réaménagée par l’architecte d’intérieur Delphine Carrère. Il s’agit d’une des multiples maisons Girolle – conçues par les architectes bordelais Yves Salier, Adrien Courtois, Pierre Lajus et Michel Sadirac – qui se sont propagées dans la région à l’époque.
La découverte de cette villa nichée au sein de la pinède a été un véritable coup de cœur pour l’architecte d’intérieur Delphine Carrère qui en a fait sa résidence secondaire. Il s’agit d’une des multiples maisons Girolle qui se sont propagées dans la région dès le milieu des années 60. Après 6 mois de travaux, la demeure a gardé tout son charme d’origine, une touche de confort en plus.
Produit d’une démarche collective, le modèle de la maison Girolle imaginé par l’agence Salier, Courtois, Lajus et Sadirac a été développé durant les 30 glorieuses pour répondre au boom des résidences secondaires découlant de la démocratisation des vacances. « Longtemps inaccessible du fait de l’occupation allemande pendant la guerre, le Cap Ferret commence à s’ouvrir. Des terrains à bâtir se libèrent. Séduits par l’« American way of life », les gens ont envie de maisons modernes, spacieuses, lumineuses et ouvertes sur la nature », explique Pierre Lajus.
Les quatre architectes, inspirés par les réalisations modernistes de Frank Lloyd Wright et Richard Neutra, réfléchissent à un modèle d’habitat économique conciliant modernité, coût raisonnable et ancrage dans le paysage local. Les grands principes de la Girolle se caractérisent par un plan compact, sans couloirs et sur un seul niveau. Toutes les pièces sont distribuées à partir du séjour.
Le toit-terrasse ne faisant pas l’unanimité auprès des autorités de la région, l’équipe a opté pour un toit de tuiles à 2 pentes. Dépourvues de plafond, les pièces profitent du volume de la charpente apparente. De généreux avant-toits protègent du soleil les façades largement vitrées.
Son système de modules évolutifs préfabriqués en atelier explique le succès de la Girolle, baptisée ainsi car elle pousse aussi vite qu’un champignon ; elle ne nécessite en effet que
trois ou quatre mois de construction. D’un simple modèle de maison de vacances, la démarche d’économie constructive générée par le quatuor bordelais s’est transformée en un système de construction qui allait se révéler très souple et permettre de multiples adaptations. « Avec nos murs à l’enduit rustique, nos charpentes en bois teintées toujours apparentes, la transparence et la fluidité de l’espace qu’assuraient nos grands vitrages, certains ont pu dire que nous avions créé un style, le « style Girolle », dixit Pierre Lajus.
La maison principale présentée ici comprend 4 chambres, 3 salles de bain et une grande pièce de vie baignée de lumière regroupant le salon, la salle à manger et la cuisine. Elle s’étale sur une superficie de 170m2 de plain-pied. Dans le jardin, deux cabanes bardées de pin teinté en noir abritent chacune une chambre ornée d’une fresque ainsi qu’une salle de bain. De quoi offrir aux invités un confortable espace d’intimité à l’atmosphère de robinsonnade.
Conserver l’esprit du lieu
« C’est une maison de rêve, en lien direct avec la nature, offrant un mode de vie tellement joyeux, fluide… Elle a plus de 50 ans et n’a pas pris une ride ! ». Lorsque Delphine Carrère entreprend les travaux de rénovation, c’est dans un profond respect de la démarche des inventeurs de la Girolle.
Tout a été dessiné dans le respect de l’esprit d’origine de la maison. Les matériaux simples et peu nombreux déjà présents ont été rénovés avec soin. Les carreaux de sol en terre cuite ont été poncés pour obtenir une nuance plus claire et prolongés sur les terrasses.
Pour la restauration des salles de bain, l’architecte d’intérieur a opté pour le béton brut assorti à des carreaux peints à la main provenant de Sicile. Ces derniers reprennent un motif des années 70 décliné dans différentes couleurs. Ils ornent également les cloisons de la douche à ciel ouvert et les banquettes maçonnées du jardin.
Les menuiseries en bois qui au fil du temps avaient été remplacées par des cadres en alu ont été renouvelées pour s’uniformiser avec le lambris des plafonds. Chaque pièce est décorée de nombreux meubles et objets vintage dans une harmonie de tons chauds, de matériaux naturels et bruts comme le bois et le béton, associés à des tissus texturés et à des motifs évoquant les années Peace and Love.