Deco

Un loft singulier dans une usine historique de Genève

06 Oct 2022

Situé dans le bâtiment qui abritait autrefois le constructeur automobile suisse historique Pic-Pic (Piccard & Pictet), ce loft genevois s’inscrit parfaitement dans la philosophie de l’architecte d’intérieur Peter Kammermann tout en préservant le genius loci, autrement dit l’âme du lieu. Avec singularité, il conjugue raffinement, style industriel et inspirations asiatiques.

 

© Ramona Elena Balaban / Living Inside. Parution EC4/2022

À droite de l’escalier, tableau de Serge Labégorre. À gauche, le couloir qui mène à l’entrée principale.

 

Le loft de près de 400 m2 se déploie sur deux étages reliés par un escalier en spirale en métal noir. Le passé industriel du lieu transparaît dans tout l’appartement. La structure de l’usine automobile a été entièrement préservée en raison de l’importance de ses qualités architecturales représentatives de l’industrie suisse du début du 20e siècle. La hauteur des plafonds culmine à près de 4 mètres, les poutres en béton sont apparentes et les encadrements en acier du vitrage rappellent la fonction première du bâtiment.

 

Mais on retrouve aussi dans ce loft la patte très personnelle de l’architecte d’intérieur Peter Kammermann, à qui les propriétaires ont confié la réalisation des travaux.  Le concepteur des lieux collectionne des tissus précieux et anciens provenant de différentes parties du monde, constamment à la recherche de traditions artisanales, notamment asiatiques. Il les utilise pour créer des atmosphères subtiles et uniques dans ses projets d’aménagement intérieur qui vont bien au-delà des standards. Travail sur mesure, artisanat, tissus imprimés à la main et objets rares définissent l’élégance intemporelle de son décor.

 

© Ramona Elena Balaban / Living Inside. Parution EC4/2022

Peter Kammermann.

 

Ici,  l’artisanat précieux et le design sur mesure se mêlent pour développer une ambiance unique marquée. Peter Kammermann a transmis son attirance pour les objets et le design asiatiques dans cet intérieur: des bois exotiques, des stores en bambou, des meubles chinois et japonais et des plafonniers orientaux se mêlent au style victorien classique et aux tissus précieux. Ces derniers, bien entendu, tiennent une place de choix dans toutes les réalisations du designer. «Les textiles provoquent une émotion, ils font voyager, surtout les textiles anciens que j’affectionne particulièrement et que j’utilise pour recouvrir des sièges ou des coussins. Le choix du textile juste est l’un des secrets de la réussite d’un intérieur.»

 

Les couleurs, les objets et les styles que Peter Kammermann réunit témoignent d’un passé et d’un ailleurs mais jamais de manière littérale. Le sens du mélange et des associations et rapprochements, dont il a le secret, le situe toujours à la lisière du respect des règles et de l’audace; la discipline sans l’ennui en somme.

 

Au premier étage, c’est l’univers de la lumière, omniprésente, qui inonde l’espace par les immenses fenêtres. Le salon, avec ses canapés capitonnés et ses deux fauteuils majestueux recouverts de tissu ancien pastel et blanc, joue avec les effets de matières et de couleurs. Juste à côté, la salle à manger formelle réservée aux invitations flirte avec le classicisme avec ses chaises médaillons de style Louis XVI.

 

© Ramona Elena Balaban / Living Inside. Parution EC4/2022

Le salon. Sous les immenses fenêtres, deux chaises chinoises du 18e siècle. Canapé vert de George Smith habillé de tissus fournis par Peter Kammermann; coussins recouverts de tissu Fortuny. Table conçue par le designer.

 

© Ramona Elena Balaban / Living Inside. Parution EC4/2022

Le salon avec à l'arrière la salle à manger formelle. Le mobilier contemporain dialogue avec les objets ethniques. Le métal et les éléments bruts juxtaposés aux matériaux classiques et sophistiqués s’intègrent parfaitement dans cet environnement si profondément industriel. Une transformation qui célèbre la cohabitation et la beauté singulière.

 

Un immense claustra en lamelles de bois exotique suspendu à un rail métallique filtre subtilement la lumière et sépare le salon de la salle à manger informelle. Celle-ci est à son tour séparée de la cuisine par une paroi d’atelier en verre et métal qui en dévoile les équipements en chêne brossé et granit noir. Claustra et paroi ont pour vocation de délimiter les espaces de jour situés au premier étage et d’établir les fonctions de chaque zone sans élever de murs. Les transitions se font en douceur.

 

© Ramona Elena Balaban / Living Inside. Parution EC4/2022

La salle à manger informelle séparée du salon par un claustra. Suspension en verre soufflé Bolle de Giopato & Coombes. Plateau de table fait sur mesure. Projecteurs de cinéma vintage.

 

© Ramona Elena Balaban / Living Inside. Parution EC4/2022

La salle à manger informelle séparée de la cuisine par une paroi d'atelier.

 

© Ramona Elena Balaban / Living Inside. Parution EC4/2022

La cuisine. Les placards en chêne blond contrastent avec les carreaux en terre cuite noire. Plans de travail en granit, cuisinière Lacanche. Les suspensions industrielles viennent d’Angleterre.

 

Au deuxième étage, des rideaux en lin gaufré, des tissus sophistiqués, des stores en bambou et des bois nobles sur un fond de tons chauds, associés à une lumière naturelle bien dosée, insufflent une sérénité feutrée et une intimité raffinée à l’espace nuit. L’ambiance est d’inspiration asiatique, les portes de communication et de placards en bambou thaïlandais ont été fabriquées sur mesure.

 

© Ramona Elena Balaban / Living Inside. Parution EC4/2022

À l'étage, l’escalier débouche dans un petit salon de lecture ou de musique.

 

© Ramona Elena Balaban / Living Inside. Parution EC4/2022

Dans le petit salon de l'étage, suspension Aro Light de CTO lighting. Canapé des années 1920 retapissé par l’architecte, fauteuil Morris également recouvert par Peter Kammermann avec un tissu de GP & J Baker. Papier peint floral de Sandberg

 

© Ramona Elena Balaban / Living Inside. Parution EC4/2022

Les portes fabriquées sur mesure par le designer en bambou thaïlandais.

 

© Ramona Elena Balaban / Living Inside. Parution EC4/2022

Sur le bureau, lampe signée Josef Frank.

 

Dans la chambre, des stores en bambou filtrent la lumière et de lourds rideaux en lin habillent la fenêtre avec élégance. Le lit et le bout de lit capitonnés apportent de la texture et viennent rompre cette sereine beauté asiatique en apportant une délicate note classique.

 

© Ramona Elena Balaban / Living Inside. Parution EC4/2022

La chambre.

 

Partout, le mobilier contemporain dialogue avec les objets ethniques. Le métal et les éléments bruts juxtaposés aux matériaux classiques et sophistiqués s’intègrent parfaitement dans cet environnement si profondément industriel. Une transformation qui célèbre la cohabitation et la beauté singulière.

 

© Ramona Elena Balaban / Living Inside. Parution EC4/2022

Vases et céramiques asiatiques sur la table d’autel chinoise.

 



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