Changement climatique: à quoi ressembleront les jardins suisses du futur?
Des températures en hausse, des pluies en baisse… Les conséquences du réchauffement climatique se manifestent d’ores et déjà à l’échelle des jardins suisses. Dans sa pépinière de Genève, l’entreprise de paysagistes Jacquet SA met en avant des plantes qui sauront s’adapter aux caprices d’un climat tantôt froid et enneigé, tantôt chaud et sec. Quelques questions à la pépiniériste Ghislaine Bousquet pour comprendre à quoi ressembleront nos jardins dans le futur.

Un jardin réalisé par Jacquet SA.
En quoi le changement climatique bouleverse-t-il la pratique du jardinage?
– Le changement climatique de ces quinze dernières années a un impact sur le calendrier des plantations. Nous faisons face à des scénarios climatiques inédits qui demandent d’adapter nos pratiques du jardinage aux conditions actuelles.
À Genève, jusqu’à cette dernière décennie, il était impossible d’avoir plus de 20 jours sans pluie en Suisse. Ce n’est plus vrai aujourd’hui. Nous assistons à des étés chauds, et surtout, totalement secs pendant de nombreux jours. Or, si l’on veut maintenir en vie les vieux arbres de son jardin, il faut désormais prendre l’habitude de les arroser après vingt jours sans précipitation. On ne peut plus les laisser se défendre seuls contre le climat estival.
D’autres années, les périodes d’arrosage doivent être prolongées au mois d’avril et au mois d’octobre, ce qui longtemps était impensable. Sans compter que le réchauffement des température en hiver (qui peuvent désormais atteindre 20°C au mois de février!) a également des conséquences. Par exemple, il encourage la prolifération des mulots. Or, ces animaux mangent les racines des arbres, et notamment des arbres fruitiers.
Ainsi, il faut souvent redoubler d’efforts pour sauvegarder un jardin tel qu’il était il y a vingt ans.
Quelles sont les espèces de végétaux devenues inadaptées?
– Malheureusement, de nombreuses espèces d’arbres qui peuplent naturellement notre territoire sont incapables de supporter la canicule: les charmes, les bouleaux, les hêtres (qui périclitent dans les forêts jurassiennes), les pins sylvestres (qui dépérissent en Valais)… Même si ces arbres ne meurent pas sur le coup, ils sont en situation de stress, ce qui les rend plus sensibles à l’invasion d’insectes comme les scolytes.
Si les conséquences du réchauffement climatique s’observent davantage sur les espèces volumineuses, la strate végétale qui est en dessous souffre également.
Vers quelles espèces de végétaux se tourner pour son jardin?
– On ne peut plus se concentrer aujourd’hui sur les espèces indigènes. Nous sommes obligés de planter une nouvelle gamme de végétaux venus de pays du Sud. Du côté des arbres, par exemple, on peut opter pour le Chêne de Turquie (dit aussi Chêne Chevelu), le Chêne Vert qui est originaire du pourtour méditerranéen, ou encore le Lilas des Indes. Au chapitre des arbustes que l’on n’aurait pas osé planter il y a quelques décennies, se trouvent le Laurier du Portugal et les Osmanthes. Nous proposons également dans notre pépinière des vivaces venues d’ailleurs comme certaines Artemisias.

À gauche, un Chêne Vert. À droite, un Lilas des Indes. Pépinière Jacquet.
Que peut-on faire à l’échelle d’un jardin individuel pour lutter contre l’effondrement de la biodiversité?
– Nous recommandons de diversifier les essences de plantes, de les laisser pousser et fleurir de manière plus spontanée. Elles accueilleront alors plus facilement des insectes, qui nourriront des oiseaux, qui eux-même apporteront parfois des solutions pour sauver certaines espèces végétales. On l’a vu, par exemple, avec la Pyrale du buis, un papillon venu d’Asie qui dévorait nos buis. Les mésanges et les chauve-souris se sont adaptées à cette espèce animale. Elles se sont mises à en manger les chenilles, ce qui a permis de sauver de nombreux buis.
Par ailleurs, il faut impérativement éviter les biocides chimiques pour lutter contre les champignons pathogènes et les parasites. Ceux-ci tuent tous les insectes se posant sur les plantes quinze jours après la pulvérisation. Cette durée est réduite à trois jours avec les traitements biologiques. Chez Jacquet SA, nous proposons de nombreuses solutions naturelles.

Un jardin réalisé par Jacquet SA.
Plus d’infos: jacquet.ch