Architecture

Trois chalets contemporains comme exemples

19 Déc 2023

Les architectes n’ont de cesse de se réapproprier la figure du chalet traditionnel de façon contemporaine. Car la bonne architecture est le fruit d’un paysage, d’un climat (avec des procédés et des matériaux authentiques) et d’une intelligence constructive face aux spécificités du terrain et du territoire. À suivre, trois projets suisses choisis en raison de leur qualité d’intégration au site. Ces réalisations neuves, qui font toutes un bel usage du bois et du béton, nous donnent envie de construire en montagne et de nous rapprocher de ses modes d’habitat.

 

Chalet n°1. À la recherche d’une honnêteté architecturale

Lieu: La Tzoumaz dans la commune de Riddes (VS)

Architectes: LR Architectes 

 

© Maxime Vermeulen. Parution CB6/2022

La façade dont le bardage vertical en mélèze affirme son caractère non porteur.

 

© Maxime Vermeulen. Parution CB6/2022

De l’intérieur, les étroites fenêtres de ventilation laissent apercevoir le maillage entre le bardage et le contre-lattage.

 

© Maxime Vermeulen. Parution CB6/2022

Le sous-sol est conçu comme une coque en béton armé laissé apparent dont la brutalité est tempérée par le sapin utilisé pour le parquet et l’encadrement des fenêtres.

 

© Maxime Vermeulen. Parution CB6/2022

L’étage est quant à lui réalisé avec une ossature en bois, respectant ainsi une certaine cohérence historique. À l’intérieur de l’étage, plafonds et murs sont recouverts de panneaux 3 plis de sapin et le sol minéral est revêtu d’un terrazzo.

 

© Maxime Vermeulen. Parution CB6/2022

À chaque étage, deux loggias formées par deux blocs de béton absorbent la pente du terrain et font office de seuil entre la domesticité intérieure et la versatilité de la nature extérieure.

 

©LR Architectes. Parution CB6/2022

Plan du chalet de La Tzoumaz réalisé par LR Architectes. 

 

Située à La Tzoumaz dans la commune de Riddes (VS), la maison familiale s’insère dans un site à forte pente, constitué principalement d’anciens alpages. Le projet se développe de manière très pragmatique.

 

Afin de répondre à la topographie accidentée du site, la maison se déploie sur deux niveaux, un étage inférieur comprenant la technique et trois chambres, et un rez-de-chaussée accueillant les espaces de jour – cuisine, salon, salle à manger. Un biais en plan permet de suivre les courbes de niveaux et génère des orientations différenciées.

 

  • De grandes dimensions, l’étage inférieur est enterré sur trois côtés, s’ouvrant sur la vallée du Rhône au nord.

 

  • À l’étage, le volume hors terre est réduit – environ 8 x 8 m – afin de reprendre la petite échelle des bâtiments voisins. Le projet s’intègre ainsi au contexte environnant, d’autant plus que le site, n’étant accessible que depuis le haut, ne laisse que très rarement apercevoir sa grande façade côté aval.

 

  • La conception du sous-sol a par ailleurs permis d’exploiter les fondations, de toutes façons nécessaires, et de répondre aux problématiques de glissement du terrain.

 

Le projet transforme ainsi les contraintes topographique et géologique en une opportunité au service du concept architectural et constructif.

 

Le choix des matériaux, à la fois simples et recherchés, développe un dialogue entre minéralité et bois. Ainsi, le projet se développe dans le respect du territoire existant, des matériaux et systèmes constructifs choisis.

 

 


 

Chalet n°2. Le solitaire intégré

Lieu: village d’Anzère (VS) 

Architectes: bureau Cheseauxrey Sàrl

 

© Nicolas Sedlatchek. Parution CB6/2022

En rappel à la matérialité traditionnelle de la station d’Anzère, les façades revêtent un bardage vertical en bois brûlé. Cette teinte noire permet par ailleurs de réduire l’effet de masse du volume.

 

© Nicolas Sedlatchek. Parution CB6/2022

Les espaces de vie profitent au maximum de la vue, prolongés par un balcon panoramique.

 

© Nicolas Sedlatchek. Parution CB6/2022

En raison de la topographie et de la géométrie complexe de l’ouvrage, le béton s’est imposé comme matériau constructif. Afin de donner une dimension brute et artisanale à ce matériau, le coffrage a été réalisé avec des panneaux en fin de vie qui produisent des teintes et des textures variant selon le panneau utilisé.

 

© Nicolas Sedlatchek. Parution CB6/2022

Le salon offre une matérialité contrastée.

 

© Nicolas Sedlatchek. Parution CB6/2022

La coin bureau.

 

© Nicolas Sedlatchek. Parution CB6/2022

Plan du chalet d’Anzère (VS) du bureau Cheseauxrey Sàrl.

 

Le projet s’appuie sur les caractéristiques de sa parcelle située au centre du village d’Anzère (VS) afin de tirer parti des qualités du contexte et de favoriser son intégration. La topographie accidentée et le dégagement sur le paysage deviennent ainsi des éléments forts de ce projet qui comprend deux appartements et un parking.

 

La construction épouse la topographie naturelle et reprend les limites de la parcelle, induisant une géométrie irrégulière et un volume à facettes qui offrent différents cadrages sur la nature. Elle s’organise sur cinq étages avec une volonté de liaison entre les niveaux inférieurs et supérieurs de la parcelle. Le volume indépendant de l’entrée ainsi que la profondeur des ouvertures, les balcons et l’épaisse toiture réduisent l’impact vertical des cinq niveaux et proposent un volume abstrait.

 

Le projet met en valeur le paysage, proche et lointain. Les fonctions sont agencées afin que les espaces de vie profitent au maximum de la vue, prolongés par un balcon panoramique. La façade nord étant presque entièrement enterrée, le bâtiment s’ouvre essentiellement sur le sud, dissimulant ainsi la vue sur les chalets voisins et offrant une vue plongeante sur les Alpes.

 

Cette mise en scène des ouvertures génère des atmosphères différenciées à l’intérieur. Tandis qu’un appartement occupe l’entier du premier étage, le second s’organise quant à lui en demi-niveaux. Cette structure spatiale accentue les perspectives intérieures et extérieures et favorise la délimitation et l’identification des espaces selon des ambiances spécifiques, induisant ainsi une fluidité spatiale.

 

Par sa matérialité, sa volumétrie et son organisation spatiale, le projet dialogue avec le paysage et le contexte. Il s’intègre dans le site tout en s’y détachant par son abstraction. Tel un jeu, il crée des expériences diverses et parfois inattendues, offrant ainsi une qualité d’habiter chaleureuse et contrastée.

 


 

Chalet n°3. Le sens du détail

Lieu: Morgins (VS ) 

Architectes: bureau Gailing Rickling 

 

© Guillaume Baeryswil. Parution CB6/2022

Le chalet est doté d'un balcon périphérique, typique de la région.

 

© Guillaume Baeryswil. Parution CB6/2022

Le bardage en épicéa pré-grisaillé adopte différents rythmes. Au rez, il est plein. À l’étage, la recherche d’intimité pour les chambres est réglée par un bardage ajouré passant devant certaines fenêtres.

 

© Guillaume Baeryswil. Parution CB6/2022

La présence du bois (épicéa blanchi et mélèze) est contrastée par une chape poncée, du béton brut ou encore un enduit à la chaux.

 

© Guillaume Baeryswil. Parution CB6/2022

L'articulation des espaces est accompagnée par une grammaire d’éléments structurels comme en témoigne par exemple le solivage.

 

© Guillaume Baeryswil. Parution CB6/2022

La présence d’espaces en double hauteur en début et fin de parcours apporte des respirations lumineuses.

 

Plan du chalet à Morgins construit par le bureau Gailing Rickling. 

 

Le chalet s’implante en limite du centre du village de Morgins (VS), dans un contexte relativement dense et hétérogène. Cette résidence principale a été pensée sur la base de deux besoins principaux: la possibilité d’accueillir des visites familiales et l’anticipation du vieillissement de la maîtresse d’ouvrage. Ainsi, l’intégration d’un appartement indépendant, conçu comme un espace flexible, permet de loger des locataires, des invités voire une personne aidante si besoin ce qui répond aux principes de la densification douce. Le seuil minimum des ouvertures, une salle de bain sans obstacle et un bureau au rez pouvant devenir une chambre ont été mis en place en cas de réduction de la mobilité.

 

Par ailleurs,  les architectes ont travaillé les codes de l’architecture traditionnelle du Val d’Illiez dans une expression contemporaine. Le volume se lit comme une superposition de trois couches.

 

Un socle minéral comprend l’appartement de deux pièces, un hall qui dessert les deux logements, les locaux techniques et les caves. Réalisé en béton apparent, il se prolonge à l’étage par un balcon périphérique, typique de la région.

 

Aux niveaux supérieurs contenant l’habitation principale, le bardage en épicéa pré-grisaillé adopte différents rythmes. Au rez, le bardage plein dialogue avec les ouvertures de l’espace de vie. À l’étage, la recherche d’intimité pour les chambres est réglée par un bardage ajouré passant devant certaines fenêtres. Tandis que l’horizontalité est mise en exergue par une corniche en mélèze, une toiture fine et des chevrons apparents qui se retournent sur les quatre côtés, la verticalité est toutefois exprimée à travers l’orientation du bardage et l’intégration de montants verticaux qui rythment la façade.

 

Le projet est conçu comme une succession de séquences spatiales et volumétriques qui jouent sur la perméabilité des espaces et qui mettent en valeur lumière et paysage, à l’instar des grandes portes-fenêtres, ou encore de la circulation verticale placée au centre de la maison. Véritable colonne vertébrale, celle-ci s’appuie contre un mur structurel et parasismique en béton qui rappelle le socle. La présence d’espaces en double hauteur en début et fin de parcours apporte des respirations lumineuses et contribue à l’articulation des espaces.

 

Ici, tout est réfléchi, que ce soit le garde-corps et le mobilier intégré entièrement dessinés par les architectes ou encore les alignements très précis entre les éléments verticaux et horizontaux. Des détails qui ne se remarquent pas forcément au premier abord, mais qui participent à une adéquation de l’espace à ses usages ainsi qu’à la création d’une identité singulière.

 



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