Vivre et travailler dans une maison pour architectes
Andres Liesch (1927-1990) fait partie de cette génération d’architectes suisses qui a fait entrer le monde de la construction moderne dans les Grisons après la seconde guerre mondiale. Parmi ses réalisations, une maison-studio au cœur de Coire, qu’il avait bâtie en espérant qu’un architecte viendrait s’y installer un jour. C’est aujourd’hui le cas puisque l’architecte Men Duri Arquint a investi les lieux, pour vivre et travailler. Visite.
On est ici dans la ville de Coire, la ville la plus ancienne de Suisse, dotée d’un charme fou avec ses ruelles tortueuses et les montagnes en toile de fond. On pénètre dans le bâtiment austère d’Andres Liesch depuis la paisible rue piétonne.
C’est une maison verticale, très étroite, bâtie sur trois étages, au style clairement influencé par l’esthétique japonaise. L’architecte a déjoué avec prouesses les limites d’une parcelle extrêmement réduite et a fait preuve d’une ingéniosité brillante.
À l’intérieur, les lieux paraissent généreux et l’on ne s’y sent jamais à l’étroit. Une attention particulière a été portée sur l’économie d’espace, ce qui confère à l’ensemble un petit air de navire. Tout a été pensé pour permettre une circulation aisée entre les sections individuelles tout au long de la journée.
La pièce principale regroupe salon, cuisine et salle à manger. Elle est tellement bien pensée que sa taille semble tout simplement parfaite. Comme partout ici, les rangements se fondent harmonieusement dans le décor sous forme de niches, d’armoires, d’étagères, de tiroirs dissimulés et de meubles intégrés à l’architecture.
Tout en haut, on découvre une chambre à coucher sous le toit mansardé. « La zone de sommeil à l’étage a quelque chose d’une grotte, on s’y sent en sécurité et on oublie où l’on se trouve » commente Men Duri.
Au rez-de-chaussée un autre espace de travail a également trouvé sa place, comme c’était prévu à l’origine par Andres Liesch.
Au final, témoigne Men Duri, « Je n’ai emménagé qu’avec peu d’effets personnels ». Outre les nombreux rangements intégrés « des meubles à tiroirs, très pratiques pour ranger des plans d’architecte, et une grande table de travail sur tréteaux étaient déjà là ainsi que le lit et quelques chaises« .
Le bois est très présent, les murs sont peints à la chaux et le sol recouvert de pierre. Les matières sont solides, simples et pures. Liesch s’est limité à un nombre minimum de matériaux.
Men Duri admire l’atmosphère que Liesch a su créer. Outre l’emploi des matériaux, l’utilisation de la lumière naturelle est tout aussi remarquable. Dans le bureau, elle vient du nord; de larges fenêtres ouvrant sur les maisons historiques offrent un spectacle serein et un éclairage doux qui favorisent l’inspiration.
Aux étages supérieurs, la lumière est mise en scène de façon plus dramatique; le soleil s’introduit par des embrasures étroites, situées côté remparts. Sous le toit, une longue série de hublots ornent la charpente en bois, des lucarnes complètent l’œuvre. Ce qui contribue à la sensation d’enveloppement de l’architecture.
Cette maison permet à Men Duri de travailler à différents rythmes dans la journée. « J’aime commencer assis à la table qui se trouve près de la cuisine. Je planifie et organise, je lis mes mails et fais des recherches. Plus tard, si j’ai besoin d’une petite sieste, je me couche sur la banquette intégrée qui se trouve dans le salon ». L’espace de travail du rez-de-chaussée tout comme son bureau, situé à deux minutes à pied de son logis, lui offre également des alternatives.