Une maison inspirée par les Alpes
Matière à dialogues entre une montagne souveraine et une rivière capricieuse, cette maison double puise son inspiration des contours de l’emblématique crête du Haut de Cry (Valais). Ce volume mouvementé donne son caractère unique à la villa et séquence les espaces intérieurs. Il abrite deux habitations distinctes, l’une sur l’autre, qui permettent à deux frères et de leurs familles de vivre ensemble tout en gardant une certaine privacité.
En arrivant, on ne voit qu’elle, majestueuse : l’une des rares faces rocheuses, dévalant sur presque 3000 m jusqu’à la plaine. Crête emblématique de la région, le Haut de Cry a dicté à la fois la forme et la matérialité du projet de l’atelier d’architecture GAME. À ses pieds, la rivière Saint-André a autrefois fait ses caprices, rongeant au passage quelques mètres sur la parcelle et donnant quelques sueurs froides aux architectes et aux propriétaires. Mais la maison a tenu.
Les maîtres d’ouvrage s’attendaient à un projet composé de deux maisons l’une à côté de l’autre, mais ils se sont laissé séduire par la proposition des architectes : un volume étonnant comportant deux habitations distinctes, l’une sur l’autre. Une façon d’économiser sur le chauffage, les façades, la ventilation et les sanitaires.
Un profil mouvementé
La forme découpée du projet puise son inspiration dans les contours de la crête. Elle épouse le profil mouvementé du terrain et s’étire le long du profond torrent Saint-André qui structure fortement le site.
L’ardoise, matériau unique de l’enveloppe (toiture et façades) ancre le projet dans la tradition des toitures d’antan. En écho à la roche, dans un jeu de variations de lumière tout au long du jour, elle donne un caractère unique à la maison.
Profitant de la pente légère qui descend le long de la rivière pour enterrer une partie des locaux techniques et des espaces de rangement, les architectes ont pu offrir un maximum d’espace vert à la maison, avec de nouvelles plantations et des jeux pour les enfants.
La répartition en deux strates des deux programmes épouse la pente et favorise la prolongation des espaces de jour sur des aménagements extérieurs privés ou communs sans nuire à la cohérence de l’objet unitaire.
Au sud, la façade en biais a permis de créer une petite terrasse couverte de plain-pied et, à l’étage, une loggia.
Deux univers distincts
L’étage du bas, un peu plus petit que celui du dessus, dispose les pièces de nuit sur la partie arrière du volume. Le grand espace jour est au sud, avec une immense baie vitrée coulissante. À l’origine du projet, il comprenait un bureau et une chambre parentale. Une fois la maison terminée, un enfant est venu agrandir la famille. «Nous avons construit une chambre de plus enterrée dans le terrain à l’ouest du volume pour ne pas modifier celui-ci et créé une fenêtre dans la pente. L’image du projet a un peu changé mais en bien, au final», se réjouit le bureau d’architecture.
À l’étage du dessus, les espaces de nuit sont répartis dans trois boîtes comprenant les chambres et les sanitaires. Elles délimitent l’espace de vie qui se découpe autour d’elles.
La salle à manger se trouve au cœur de la maison avec une vue traversante est-ouest tandis que le séjour est au sud de la maison. Ici, le rapport à l’extérieur se fait plutôt sur la zone arrière.
La géométrie complexe de la toiture séquence les espaces de l’étage, qui profite de hauteurs variables. L’étage du bas bénéficie du travail de la coupe par la création d’un demi-niveau dans l’espace jour, qui augmente la hauteur sous plafond.
La différence entre les deux maisons se marque aussi dans les matérialités intérieures. En haut, de l’épicéa lasuré blanc avec, au sol, une chape poncée. En bas, une chape apparente également et un jeu entre le blanc, au niveau des cloisons, et le noir des menuiseries. «L’étage du bas est un peu plus lisse, le haut est plus texturé, par la présence du bois. Les deux maisons sont très différentes et chacune a son propre univers», se réjouit l’architecte.