Les temps modernes en architecture
La Riviera vaudoise a été entre les deux guerres, le terreau d’un mouvement architectural d’une grande richesse. Des figures de premier plan, comme Le Corbusier et Adolf Loos ou encore Alberto Sartoris et Hermann Henselmann, nous ont légué des pièces maîtresses, et de la modernité naissante.
Quatre d’entre elles sont des chefs-d’œuvre. Certes, pas toutes du même niveau – et elles n’occupent pas toutes des places aussi importantes dans la production de leurs architectes respectifs – mais ces quatre villas situées entre Vevey et Montreux méritent le détour.
A côté de ces personnalités emblématiques, des architectes comme Henri Robert Von der Mühll, Charles Dubois et Jacques Favarger, Jack Cornaz, René Bonnard ou encore Alexandre Ferenczy ont été, quant à eux, les artisans de la modernité qui allait se développer dans la première moitié du XXème siècle.
Ces architectes étaient soucieux d’offrir des réponses en adéquation avec l’esprit du temps, en phase avec une modernité qui avance. Ils étaient mus par la même vision progressiste que leurs contemporains européens mais sans l’activisme politique ou social qui animait cette période.
L’ensemble de ces villas constitue un tout qui démontre bien l’énergie moderniste qui animait la Riviera vaudoise à cette époque.
Salvatore Aprea, directeur des Archives de la Construction Moderne à l’EPFL, avance l’argument suivant : « La Riviera vaudoise a été un peu pour la Suisse romande ce que la colline d’Auteuil a représenté pour Paris. Ses habitants aisés, cultivés et insérés dans le contexte culturel européen se montraient parfois plus enclins à mettre à l’épreuve les idées d’architectes qui proposaient de nouvelles visions de l’habiter ».
1.Villa Karma d’Adolphe Loos, Clarens
Adolf Loos a redessiné et réalisé entièrement cette Villa entre 1903 et 1906. Le propriétaire Theodor Beer, professeur de physiologie viennois, avait initialement mandaté Henri Lavanchy, un architecte local, avant de remettre le projet entre les mains de l’architecte autrichien Adolf Loos.
2. Villa Kenwin de Hermann Henselmann, La Tour-de-Peilz
Elle tire son nom des trois premières lettres des prénoms de ses premiers propriétaires : le réalisateur Kenneth Macpherson (en) et l’écrivain Annie Winifred Ellerman (Bryher). Ils y habiteront pendant quelques années en compagnie de la poétesse H.D., maîtresse de Macpherson et amante d’Ellerman, accompagnée de sa fille Perdita.
Laissée à l’abandon après la mort de Bryher qui y vivra jusqu’en 1983, elle est rachetée en 1987 par l‘architecte Giovanni Pezzoli qui conduit une rénovation complète du bâtiment
Villa «Le Lac» de Le Corbusier, Corseaux (à visiter)
Construite pour ses parents en 1923, la villa est un manifeste architectural qui regroupe une bonne partie des idées maîtresses que Le Corbusier a développé pour ses célèbres «villas blanches» dans les années 20. La Villa «Le Lac» compte parmi les réalisations les plus personnelles et les plus inventives de l’architecte. Elle a été achevée en 1924.
La maison-atelier De Grandi, d’Alberto Sartoris, Corseaux (à visiter)
Construite en 1939 par l’architecte Alberto Sartoris selon les principes architecturaux de l’Esprit Nouveau. La maison-atelier du peintre Italo De Grandi a été transformée en musée afin de proposer aux visiteurs des expositions d’artistes suisses, des thématiques liées à l’architecture mais aussi les oeuvres des deux artistes suisses, Italo (1912-1988) et son frère Vincent De Grandi (1916-2010), peintre lui aussi.