Architecture

Mieux protéger les bâtiments du risque incendie

30 Mar 2021

La gestion de la sécurité incendie se situe à la confluence de nombreux corps de métier de la construction. Concernant tous les domaines du bâtiment, elle nécessite des connaissances pointues très diverses. Pourtant, il n’existe pas encore en Suisse de formation universitaire dans la protection incendie. Olivier Burnier a fondé la société Fire Safety & Engineering SA pour accompagner les architectes dans leur travail de planification. Ingénieur civil et expert diplômé en protection incendie, il livre à ces professionnels quatre conseils essentiels.

 

 

Olivier Burnier, directeur de Fire Safety & Engineering SA

 

N°1. Se former

« J’encourage vraiment les architectes à se former. La norme de l’Association des établissements cantonaux d’assurance incendie (AEAI) est longue et technique mais elle est à la portée de tous. De plus, les ECA ou l’AEAI donnent des cours de base pour se faire une première idée de la protection incendie. Il existe également un CAS en protection incendie initié par la HES du canton de Berne en partenariat avec l’ECA-Vaud, destiné principalement aux architectes et directeurs de travaux.

 

En revanche, il manque une formation plus complète au cours des études d’architecture. Mais depuis la création de notre entreprise en 2017, je remarque une nette progression, les architectes ont de plus en plus conscience de l’intérêt à planifier tôt la protection incendie. »

 

 

 

N°2. Faire appel à un expert

« Dès que le projet dépasse celui d’une villa individuelle, les enjeux et contraintes deviennent plus complexes et c’est là que l’intervention d’un expert est importante. Le responsable assurance qualité en matière de protection incendie a pour rôle d’accompagner le maître d’ouvrage et l’architecte tout au long du projet pour garantir la sécurité incendie. Son travail consiste aussi à rendre le maître d’ouvrage et l’architecte attentifs aux diverses règles qui peuvent plus ou moins fortement conditionner le projet architectural.

 

Concrètement, il élabore le concept de protection incendie, participe aux appels d’offres et à la réalisation des mesures de protection incendie relatives à la construction, aux équipements de protection incendie, à l’organisation et à la défense incendie. Il doit être en mesure d’adopter une approche globale pour superviser presque tous les corps de métier et veiller à la bonne application de la règle dans le but d’obtenir un résultat cohérent sur l’ensemble du projet. À la fin, c’est lui qui signe une déclaration de conformité qui atteste que toutes les mesures d’assurance qualité ont été réalisées correctement. »

 

N°3. Anticiper

« Il est évidemment nécessaire d’assurer la conformité à la norme. Mais l’intérêt est aussi, et surtout, d’intégrer les mesures de protection incendie le plus tôt possible. Ce qui évite de se retrouver dans des situations délicates et coûteuses en phase d’exécution.

 

L’enjeu majeur ce sont les voies de fuite, c’est-à-dire les cages d’escalier, accès, couloirs… Il faut évaluer leur matérialité et vérifier leur non-obstruction par divers aménagements ou objets durant la vie du bâtiment. Par exemple, rajouter une cage d’escalier non prévue risque d’abîmer le geste architectural souhaité et nécessite de trouver des solutions techniques complexes et généralement très coûteuses. Le deuxième point est celui des techniques CVSE (chauffage, ventilation, sanitaire, électricité), notamment la ventilation. Et enfin, les parkings sont aussi souvent des éléments qui nécessitent une réflexion importante en amont (éventuelle nécessité de désenfumage, sprinklers, etc.).

 

Plus on planifie en amont, moins il y a de problèmes à la fin. Il est donc important de consulter un expert en protection incendie dès l’avant-projet, lorsque tout est encore possible et que les solutions techniques peuvent être intégrées harmonieusement au concept architectural. La protection incendie a un coût, c’est certain. Mais il est vraiment important de comprendre que celui-ci reste un pourcentage marginal du coût total de la construction si elle est intégrée dès le départ. »

 

 

N°4. Planifier l’après-travaux 

 

« Il est tout d’abord important de bien planifier la réception du bâtiment. Cette étape est souvent un peu oubliée par la direction des travaux. Si le suivi a été fait régulièrement ça peut être assez rapide mais, dans la majorité des cas, des corrections, même minimes, sont nécessaires.

 

Ensuite, une fois que le bâtiment commence à être exploité, une maintenance reste indispensable pour assurer la sécurité : contrôle des exutoires de fumée, que les portes coupe-feu ferment bien, obligation d’entretien des sprinklers, etc. Il faut avoir conscience que certaines solutions demandent un entretien régulier. »

 

Plus d’infos:

Fire Safety & Engineering SA

 



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