Une demeure baignée de lumière et de mémoire
Au cœur du Salento, Isabelle Valazza Vallet a transformé plusieurs unités d’habitation du XIXe siècle en une vaste demeure contemporaine destinée à accueillir sa famille. On y découvre un lieu empreint de quiétude, propice au ressourcement, où chaque détail est un souvenir vivant de l’âme de l’architecte lausannoise disparue.

La vaste demeure accueille aujourd'hui le visiteur dans une atmosphère empreinte de sens.
Castrignano del Capo est la commune la plus méridionale des Pouilles et se situe à l’extrémité sud de l’Italie, à la confluence des mers Adriatique et Tyrrhénienne. Ce village de 5000 habitants, situé à quelques kilomètres de la pointe du talon de la botte, abrite une grande maison d’architecte nichée dans la province de Lecce. Constituée à l’origine de plusieurs petites unités d’habitation, probablement occupées par une même famille élargie, cette structure formait un hameau typique du XIXe siècle.
Les modules anciens ont été rénovés, réorganisés et réunis en une seule demeure familiale. De nouveaux volumes ont également été ajoutés pour compléter l’ensemble, dans un dialogue fluide entre passé et présent. Cette transformation architecturale a été pensée et menée par l’architecte Isabelle Valazza Vallet, qui a su conjuguer authenticité et modernité tout en respectant l’âme des lieux.

A l'étage, une passerelle relie deux chambres.

L'essentiel des volumes d'origine a été conservé.

Avec ses voûtes d'origine, l'entrée de la maison se trouve dans la partie ancienne.
Acquise en 2014 et entièrement repensée par l’architecte lausannoise, la maison préserve son authenticité malgré de profondes modifications. Naturellement fraîche grâce à ses murs épais et ses plafonds en voûtes, elle est composée de quatre grandes chambres indépendantes avec salles de bain, une pièce en mezzanine et un petit atelier. Protégé par des brise-soleil en châtaignier, un patio central avec une cuisine d’extérieur et sa grande table en olivier faite sur mesure jouxte la piscine et le jardin auxquels l’on accède directement des chambres de plain-pied.

La piscine longe le jardin jusqu'à la chambre parentale. A l'étage, l'atelier d'Isabelle surplombe l'ensemble.

Le patio central ombragé grâce aux brise-soleil en châtaigner.

La grande table en olivier du patio.
Chaque chambre a été pensée comme une dépendance permettant de laisser liberté et intimité aux occupants. Les toits-terrasses, complétés par de grands pots de plantes grasses en terracotta dessinés par Isabelle, offrent de beaux dégagements sur la ville. À l’horizon on aperçoit les scintillements de la mer située à une dizaine de minutes en voiture. Adepte de méditation, l’architecte a créé un deck en iroko en surplomb; ici les toits des maisons environnantes déploient leurs entrelacs d’aplats blancs, gris et beiges, dans un camaïeu nuancé en pierres brutes. Ouverte sur le ciel, mais fortement ancrée au sol, la propriété est délimitée par des murs qui créent un univers caché et secret.

Le deck en bois d'Iroko.

Les pots en terracotta ont été dessinés par Isabelle.
Rénover avec l’âme du Salento
Presque huit ans de travaux ont été nécessaires pour mener à bien la construction de nouveaux habitacles : isolation, installation d’une pompe à chaleur pour la climatisation et panneaux solaires pour l’eau chaude. Les poutres ont été renforcées et les murs blanchis à la chaux, comme c’est l’usage dans cette région. L’ouverture du mur entre les deux pièces du corps central a permis de créer un seul grand volume, dont une cuisine et un salon aux belles voûtes en étoile, typiques de la région.

Le grand salon avec ses belles voûtes en étoile typiques du Salento. Au plafond, les paniers en jonc utilisés autrefois par les pêcheurs et transformés en luminaires. Mobilier Plinio il Giovane.

La cuisine a été entièrement réalisée sur mesure par le menuisier Luigi Barba, sur dessin d'Isabelle Valazza Vallet.

Un mur, une photo prise par le fils d'Isabelle Valazza Vallet.
Pour ne pas toucher aux façades historiques, toute l’isolation a été faite par l’intérieur avec du chanvre naturel. Afin de n’utiliser que des techniques et des matériaux locaux, les sols ont été refaits en « cocciopesto », une méthode ancestrale du Salento qui mélange chaux et pierres concassées sur une épaisseur de 30 centimètres ! Témoignant de son amour pour cette région, Isabelle Valazza Vallet a mis en avant les savoir-faire artisanaux, tout en dotant la maison d’équipements modernes.

Ambiance zen et teintes naturelles dans les chambres à coucher. Les sols ont été refait en cocciopesto.

La salle de bain attenante à la chambre.

Le lit à baldaquin profite de la hauteur de plafond.

Chaque chambre est dotée de sa salle de bain.
Aménagements sur mesure
Après le gros œuvre, l’architecte a étroitement collaboré avec le menuisier Luigi Barba, dit Gigi, qui a supervisé les travaux avec les entreprises locales. On lui doit la réalisation des meubles, des cadres des fenêtres, des tables, des portes en olivier et même des poignées de porte, le tout sur mesure selon les dessins d’Isabelle.
Consumée par une grave maladie, cette dernière n’a pas pu compléter la décoration, mais a imprégné la maison de son goût pour les couleurs et les matériaux naturels. Dans les chambres quasi monacales, le blanc s’allie aux teintes douces des textiles et des tapis. Le mobilier est simple et bien pensé. Beaucoup d’éléments sur mesure sont mélangés aux meubles de la marque Plinio Il Giovane, comme les dressings ouverts et les penderies en bois naturel.

La maison est imprégnée des goûts de l'architecte.
Isabelle Valazza Vallet a réussi à insuffler paix et sérénité à ce lieu devenu une oasis de ressourcement lors de ses séjours prolongés. Désormais, pour son mari et ses enfants, cette maison de cœur constitue bien plus qu’une simple destination de vacances, c’est à la fois un refuge et un sanctuaire dont chaque détail rappelle des souvenirs. Un havre de paix après des années de souffrance et de maladie.

Les croquis d'Isabelle.