Une maison au charme suranné en Sicile
À une petite heure de Palerme, ce palais suranné de la fin du 18e siècle est situé près du port, non loin du centre historique avec ses ruelles étroites et son architecture au style délabré. Lors de sa rénovation, la propriétaire a fait réapparaître le bleu clair, le rose et l’ocre d’origine des murs et des plafonds. Ses finitions abîmées et décadentes se sont transformées en véritables atouts pour la décoration.
Quand Marie Olsson Nylander, styliste et décoratrice d’intérieur suédoise, a jeté son dévolu sur le Palazzo Cirillo, celui-ci tombait en ruine. La liste des travaux à réaliser était longue. Mais elle tombe sous le charme des vieux murs et pense que c’est le bon endroit pour sa famille compte tenu du grand potentiel du lieu. En fin de compte, elle a eu raison: cet ancien palais du 18e siècle va révéler toute sa beauté décadente au fil de la restauration.
Il n’était pas question ici de gommer les traces du passé, il s’agissait au contraire de les sublimer. A l’époque, le couple que Marie forme avec Bill ne veut pas de métamorphose ni d’intervention radicale. Les fissures qui courent le long des murs, les plâtres décrépis, les peintures écaillées sont laissés tels quels. Les sols ont conservé leurs carreaux de ciment polychromes. Le vécu est palpable dans toutes les pièces et donne le ton.
Sur cette toile de fond inachevée, l’ameublement et la décoration doivent également jouer avec les matières vieillies. Marie va laisser libre cours à son inspiration, et voici la surprise : un mélange de design contemporain italien et scandinave, des notes vintage et exotiques entrant dans les 450m2 de la maison. Un parti pris audacieux mais harmonieux, toujours guidé par le respect de la mémoire des lieux.
Le couple a fait appel à des artisans locaux ainsi qu’à des amis artistes, comme Mirja Ikka qui a entièrement recouvert les murs de la chambre des filles de délicats dessins en demi-teinte semblant bercer l’atmosphère.
«Les pièces sont si grandes et si hautes qu’on ne peut les remplir. On a beau y mettre des meubles et des objets, elles semblent toujours vides.» explique Marie.
Même si la lumière naturelle entre partout dans la maison à travers les nombreuses fenêtres, une grande importance a été accordée aux luminaires, avec plusieurs modèles iconiques de chez Flos, en éclairage direct ou indirect, et des lustres ramenés du Maroc qui s’inscrivent à merveille dans l’esthétique des lieux.
J’aime la Sicile, parce que c’est encore une perle intacte. Elle n’est pas surpeuplée, ni détruite par le tourisme de masse. Tout ici est très authentique et sincère. Ces valeurs sont très visibles dans la maison que nous avons achetée. Nous essayons de faire quelque chose d’éternel, de préserver les centaines d’années d’histoire et l’atmosphère qui se dégagent de ce magnifique palazzo.» commente Marie.
Si l’intérieur semble fin prêt aujourd’hui, le prochain défi à relever se situe dans le jardin rempli de citronniers, de mandariniers, d’orangers et d’oliviers. «Il y règne également une sacrée pagaille et nous avons encore beaucoup de travail devant nous, mais j’ai hâte!» confie Marie avec passion.