Design

Lucile Conti, céramiste de visages

06 Oct 2025

Dans chaque numéro d’Espaces contemporains, la décoratrice suisse Élodie Raneri (J’aime pas les dimanches) partage l’un de ses coups de cœur. Dans le dernier, elle nous emmène à la rencontre de la céramiste lausannoise Lucile Conti, une artiste dont le travail mêle instinct, expérimentation et simplicité.

 

© Elodie Raneri

Lucile Conti dans son atelier lausannois

 

Le masque comme signature

 

À Lausanne, dans le chaleureux Atelier Biscuit qu’elle partage avec son amie Charlotte Cochet, Lucile Conti façonne des pièces en céramique au caractère affirmé. Sous le nom de Gus, elle insuffle humour, poésie et spontanéité à ses créations — en particulier à ses masques stylisés, devenus sa signature.

 

L’histoire de ce motif est née d’un heureux accident. À l’origine, Lucile cherchait à dessiner un porte-fruits graphique où les pommes s’aligneraient le long d’une bouche stylisée. Après plusieurs essais infructueux, elle abandonne la fonction pour se concentrer sur la forme. Le masque s’impose, simple et marquant. Depuis, elle le décline à l’infini : plats ou tubulaires, ponctués de points, colorés par touches ou laissés bruts. Seule constante : ce visage schématique qui amuse, intrigue et attire le regard.

 

Derrière Gus, son label, se cache une histoire personnelle. Le nom vient de Gustav, un chat qui faisait beaucoup rire Lucile et sa famille. Court, drôle, efficace, Gus fonctionne dans toutes les langues et évoque aussi, en argot, « un gars ». Un mot attachant et graphique, à l’image de ses créations.

 

Ses masques, parfois en porcelaine, parfois en terre chamottée, se déclinent dans des tons neutres — blancs, transparents ou ponctués de motifs — et peuvent devenir objets utilitaires ou purement décoratifs. On peut en admirer au Café Ponti, à Lausanne, un lieu qu’elle affectionne particulièrement.

 

© DR

Le masque, un produit emblématique de la créatrice

 

De l’industrie à la liberté de la terre

 

Lucile découvre la céramique à 16 ans et ne l’a jamais quittée. Formée à l’ECAL en design industriel, puis en design textile en Belgique, elle a longtemps évolué dans un univers millimétré où tout se calcule. La terre lui a offert un contrepoint : un rapport instinctif à la matière et la possibilité de voir une idée naître en quelques semaines seulement.

 

Elle aime la rapidité avec laquelle une idée prend forme — un contraste réjouissant avec la lenteur du design industriel. Aujourd’hui, elle ne crée plus de vaisselle classique, mais explore d’autres formes : verres à pied, vases ou dessous-de-plat inspirés de ses masques. Elle aime aussi utiliser les restes de terre d’un projet pour en nourrir un autre, créant des ensembles harmonieux et vivants.

 

© DR

Dans l’atelier de Lucile Conti, créatrice de la marque Gus

 

Un atelier ouvert et vivant

 

Maman de deux enfants, Lucile partage son temps entre sa famille et son atelier. La maternité a nourri son regard et influencé sa manière de créer. Elle recherche aujourd’hui un environnement apaisant et accueillant, propice à l’échange.

 

De cette envie est né Atelier Biscuit. Ensemble, les deux amies céramistes en font un lieu de création et de partage, notamment à travers des ateliers pour jeunes mamans — un espace où venir avec son bébé et laisser libre cours à sa créativité.

 

 

Portrait de Lucile Conti

 

Création en mouvement

 

Lucile puise son inspiration dans son quotidien, ses lectures, ses sorties culturelles et les cafés qu’elle aime fréquenter. Elle privilégie l’expérience physique — voir, toucher, expérimenter — plutôt que le flux visuel d’Instagram. Sa pratique s’inscrit dans une recherche d’équilibre : entre la rigueur du design et la liberté de la main.

 

Après les masques et la vaisselle, Lucile développe une nouvelle série de verres à pied et rêve d’une grande table en céramique, un projet ambitieux qui demandera plusieurs cuissons.

En attendant, ses créations sont visibles dans plusieurs points de vente et chez Atelier Biscuit, où il n’est pas rare de repartir conquis par un masque au premier regard.

 



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