Architecture

Avant/Après, la transformation d’un appartement lausannois

02 Sep 2025

Dans un appartement lausannois du début du XXe siècle, les architectes Alain Wolff & Marjolaine Obrist revalorisent les espaces du quotidien par un travail précis et mesuré, jouant sur les seuils, les matières et la continuité. Si, à première vue, certaines pièces semblent avoir été radicalement transformées sur le plan esthétique, cette impression s’avère trompeuse: elle résulte en réalité d’un travail d’affinage minimal, guidé par la volonté de retrouver la cohérence du lieu.

 

Situé entre le parc de Mon Repos et l’avenue de Béthusy, cet appartement occupe le premier étage d’une maison classée abritant quatre logements. L’organisation d’origine, structurée autour d’un hall central distribuant les pièces principales, n’a pas été modifiée. Cette fidélité au plan initial structure l’intervention, qui vise moins à transformer qu’à affiner, à travers une série d’ajustements ciblés apportant une cohérence nouvelle à l’ensemble.

 

Définir sans cloisonner

 

Les transformations se concentrent sur les pièces dites de service, notamment la cuisine et les salles d’eau. Celles-ci sont entièrement réaménagées, sans modifier la distribution spatiale. La salle de bains est refaite, tandis qu’une douche est ajoutée aux WC d’entrée.

 


  • La salle de bain AVANT.

  • © Delphine Burtin. Parution CR 2025.

    La salle de bain APRÈS.

  • © Delphine Burtin. Parution CR 2025.

    Le WC d’entrée doté d’une nouvelle douche.

La cuisine vétuste est entièrement réaménagée. Le centre de la cuisine est occupé par une table fixe en chêne, matériau qui rappelle les parquets et habille également les chants des meubles de cuisine qui l’entourent.

 


  • La cuisine AVANT.

  • © Delphine Burtin. Parution CR 2025.

    La cuisine APRÈS.

  • © Delphine Burtin. Parution CR 2025.

    La cuisine APRÈS.

La cuisine, autrefois refermée sur elle-même par un mobilier massif, est désormais connectée à la salle à manger et à la terrasse au sud. Cette relation est rendue possible par un meuble de séparation, conçu sur mesure, qui ouvre des vues sans abolir les limites. La cuisine reste un espace distinct, visuellement connecté, mais spatialement délimité. La table centrale fixe, les plans bas, la niche latérale laissant passer la lumière, tout concourt à un équilibre subtil entre ouverture et ancrage. La lumière traverse désormais librement la séquence cuisine — salle à manger — terrasse, orientée plein sud, tandis que les deux fenêtres de la cuisine (au nord et à l’ouest) composent des ambiances changeantes au fil de la journée.

 


  • Séparation entre la cuisine et la salle à manger AVANT.

  • © Delphine Burtin. Parution CR 2025.

    Séparation entre la cuisine et la salle à manger APRÈS.

  • © Delphine Burtin. Parution CR 2025

    Séparation entre la cuisine et la salle à manger APRÈS.

Un contemporain enraciné

 

Tous les meubles fixes — cuisine, éléments pour salle de bain, niches, caissons pour les radiateurs — sont dessinés par les architectes, jusqu’aux poignées. Ce choix d’un projet conçu dans le détail traduit une volonté d’aller au bout du geste architectural et valorise les savoir-faire d’artisans locaux. Il montre qu’une intervention sur mesure peut être à la fois esthétiquement exigeante et économiquement sobre.

 

Le chêne clair, utilisé pour les joues, tranches et tablettes, constitue le fil conducteur du projet. Présent dans chaque pièce transformée, il établit un dialogue discret avec les parquets d’origine, reponcés et huilés. Ce jeu d’échos installe une unité sans uniformité, chaque espace trouvant sa propre tonalité.

 

© Delphine Burtin. Parution CR 2025

Séjour.

 

Les sols prolongent cette logique. Dans les espaces réaménagés, les revêtements hétérogènes des années 1970–1980 sont remplacés par des matériaux en accord avec l’époque de construction: carreaux hexagonaux de ciment gris dans la cuisine et en damier rouge et blanc sur la terrasse, mosaïque de pâte de verre bleue dans la salle de douche, grès non émaillé dans la salle de bains. Ces choix créent un patchwork discret, complémentaire aux figures variées des parquets anciens.

 

© Delphine Burtin. Parution CR 2025

Le hall central depuis lequel s'observe un patchwork discret au sol.

 

© Delphine Burtin. Parution CR 2025

Vue sur le hall central et l'entrée.

 

Ici, les interventions cherchent moins à affirmer une esthétique contemporaine qu’à renforcer l’identité du lieu en résonance avec son histoire. Sans surenchère ni geste spectaculaire, le projet cultive une forme d’ambiguïté temporelle, jouant avec les codes des époques. Il articule avec finesse des choix pragmatiques dans un équilibre maîtrisé entre usage contemporain, patrimoine et savoir-faire local.

 



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