Vivre à l’alpage
Dans un coin de campagne du Jura neuchâtelois, Franciane et Michel cultivent un art de vivre rustique et authentique. Ils ont créé dans leur ferme un havre de paix hors du temps, sans eau courante et quasi sans électricité.
Ici, le silence matinal se teinte du son des clarines et les crépuscules sont sublimes. L’été, des génisses en estive paissent dans les pâturages. Un troupeau de chèvres blanches gambade non loin, des poneys, lapins et poules s’égaillent dans les alentours. Sans oublier les deux chats, qui complètent la tribu.
C’est au sein d’une campagne verdoyante où s’éparpillent quelques autres bâtisses que se situe le chalet d’alpage de Franciane et Michel. Ils chérissent ce coin de nature où les gestes quotidiens se font tranquillement, et où la valeur du temps prend tout son sens.
Franciane et Michel gèrent cette propriété de famille depuis près de quarante ans. Ils y passent quatre mois à la belle saison, de juin à septembre, et le reste de l’année ils vivent dans un village proche.
Aux Attis, ils s’occupent de leurs animaux, fabriquent du fromage de chèvre biologique, cultivent des légumes dans leur jardin, coupent le bois pour faire du feu, tout en planifiant et accomplissant les travaux de restauration du chalet.
Cette vie à l’alpage a commencé alors que leurs sept enfants étaient encore petits. «Au début, durant les vacances d’été, nous y dormions en famille, Michel et moi sous tente, et les enfants dans le foin! Puis les enfants ont grandi et des travaux se sont imposés car nous avions tous envie de passer plus de temps ici», raconte Franciane. Des rénovations ont lieu chaque année depuis 1982. Une partie de la grange a été rendue habitable, l’autre sert à stocker le foin destiné aux animaux.
«Nous avons isolé la partie habitation, remplacé toutes les fenêtres, construit deux mezzanines accessibles par une échelle de meunier et qui sont utilisées pour dormir et jouer. Un fourneau a été installé pour se chauffer et cuisiner».
Le chalet n’est pas alimenté en eau courante, celle-ci est extraite d’une citerne à la force des bras ; mais une pompe a été posée pour la faire monter jusqu’à l’étage. Initialement, la toilette se faisait dans une bassine d’eau froide et la cuisson des plats sur un feu à l’extérieur. La décision de créer une salle de bain et des toilettes intérieures est venue du désir d’inviter toute la famille à Noël. C’est un vrai luxe dans ce lieu très rustique!» s’exclame Franciane.
La dernière transformation a été la construction d’une pièce au rez-de-chaussée, avec une table pour accueillir les petits-enfants – aujourd’hui au nombre de quinze – qui viennent plusieurs fois par semaine manger et passer du temps chez leurs grands-parents. Elle permet aussi de se réunir à l’abri du soleil ou de la pluie en toute saison.
Pas d’électricité non plus ici, hormis un petit panneau solaire pour le fonctionnement du frigo conservant les fromages de chèvre et qui permet parfois d’écouter la radio. La lueur – et l’odeur – des bougies et des lampes à pétrole créent une ambiance en phase avec l’endroit.
L’espace est meublé très sobrement. Pour la plupart, les meubles et objets ont été récupérés ou fabriqués par la main d’artisans locaux. Les matériaux sont bruts, solides, et les teintes restent naturelles: sable, vert olive, rouille tendre… Les couleurs sont surtout données par les nuances du bois et de la terre, et le bleu de la lavande qui pousse dans le jardin.
C’est dans l’authenticité et la tranquillité de ce lieu bucolique que la nombreuse famille se retrouve pour des moments de partage autour d’un bon plat et pour apprécier la simplicité d’une vie dans la nature.