Le rôle phare des petits éditeurs romands de design
En dépit d’une économie frileuse, le business du design attire de petits entrepreneurs. En marge des leaders du marché et à l’instar d’un phénomène qui fleurit en France depuis quelques années, la Suisse voit à son tour éclore de nouveaux éditeurs de design, de petites structures qui s’appuient sur des designers émergents de la scène helvétique et qui constituent le maillon indispensable entre création et diffusion.
Contribuant au renouveau du design, des entrepreneurs, galeristes, éditeurs indépendants prennent des risques en proposant des collections d’objets et de mobilier moins commerciales et à forte valeur ajoutée d’un point de vue culturel. Des initiatives audacieuses qui ont pour vocation de rapprocher le design du champ artistique et de favoriser la reconnaissance du travail des designers.
Le phénomène concerne des entreprises aux profils très différents, qu’on ne peut pas toutes qualifier de maisons d’édition. Certaines produisent entièrement les pièces, d’autres participent à la production de collections de design ou collaborent avec des designers à la réalisation de séries limitées en partageant les frais engendrés par la production tout en garantissant une distribution à travers leur structure.
Quels que soient leurs profils, ces entrepreneurs sont une réponse au problème du «last mile», le dernier pas pour parvenir à mettre sur le marché un produit qui est encore un dessin ou, dans le meilleur des cas, un prototype. Cette étape, qui clôt le processus et permet au projet de devenir réalité, est souvent la plus complexe.
Production et distribution
On touche là à des aspects cruciaux de l’économie du design, que ces galeristes-entrepreneurs-éditeurs peuvent résoudre. Même si ce phénomène constitue une réalité économique marginale, il donne à de jeunes designers de la visibilité et la possibilité de produire leurs pièces; bon nombre de projets gisant souvent dans les tiroirs, refusés par les éditeurs classiques qui parfois ne donnent même pas de réponse.
Après la production, les difficultés à monter un réseau de revendeurs constituent la partie la plus ingrate du travail. La plupart des entreprises évoquées ici gèrent cet aspect elles-mêmes à travers leur galerie ou plateforme web. Souvent, elles se font vitrines de leurs propres collections ou mettent en place un système de vente en ligne, chamboulant ainsi les réseaux traditionnels de distribution.
Une autre caractéristique de ces petites collections, qui vaut d’être soulignée, c’est le souci porté au caractère local de la production, qui se veut souvent durable et attentive aux savoir-faire artisanaux. Généralement, le pourcentage des royalties reversées aux designers est également plus élevé que la moyenne, même si les quantités sont certes inférieures.
Autoédition
Si la jeune scène helvétique a l’opportunité de s’exprimer grâce à cette nouvelle figure de galeriste-entrepreneur-éditeur avec laquelle se crée souvent un lien de grande proximité, une autre voie s’offre à elle: celle de l’autoédition ou autoproduction.
Les designers les plus téméraires ont en effet choisit ce modèle pour exister, par envie de suivre toutes les étapes allant de la création à la vente des produits ou encore par nécessité.
Certes, l’avenir est loin d’être assuré pour ces petites structures qui concèdent souvent que se lancer dans ce métier est moins facile que prévu, aussi passionnant que cela soit. Mais il est évident que ce phénomène contribue à modifier le marché du design et peut-être à dessiner ses contours de demain.
A suivre, une petite sélection d’éditeurs romands.