Quels sont les meubles vintage ayant le plus de valeur?
Le marché de la seconde main et du meuble d’occasion n’a jamais été aussi florissant. On y trouve bien des copies et des faux de très faible valeur, mais aussi des pièces d’occasion authentiques qui ont une cote. Même si la plupart des objets du XXe siècle sont encore financièrement accessibles, le prix de certaines pièces dépasse celui du neuf. Comment s’établit la valeur du mobilier vintage? Sur quelles pièces peut-on miser pour un investissement? Réponse avec Sacha Ding, l’organisateur des Puces du design en Suisse romande.

Sacha Ding.
Quel âge doit avoir un meuble d’occasion pour avoir de la valeur?
– Un meuble vintage est un meuble qui a été créé il y a au moins vingt ans. Après ce premier critère, ce qui donne de la valeur au mobilier d’occasion, c’est d’abord et incontestablement les lignes uniques et originales du vrai mobilier vintage et design du XXe siècle. Ces meubles ont constitué une véritable révolution et continuent d’influencer les designers contemporains.
D’autre part, pour les pièces de bonne facture, les techniques de fabrication de qualité associées aux matériaux nobles (teck, palissandre, laiton, fonte d’aluminium, etc.) garantissent qualité et longévité aux objets d’époque.
Vient ensuite, la raréfaction de ces pièces sur le marché qui, par la force des choses, fait de certains meubles des pièces de collection.
Enfin pour les pièces signées et en raison d’une véritable cote sur le marché, elles ne perdront probablement pas de valeur, ou même en prendront avec le temps! Chose que l’on peut rarement obtenir avec du mobilier neuf qui perd actuellement 20 à 30% de sa valeur à la sortie du magasin.

Les Puces du design.
Les meubles de nombreux designers mythiques du XXe siècle sont aujourd’hui réédités comme ceux de Charlotte Perriand, Le Corbusier, Jean Prouvé, Charles & Ray Eames… Ces rééditions dévaluent-elles le prix des premières séries industrielles aujourd’hui vintage?
– Pas sûr! En principe, une pièce signée d’époque ne perdra pas de la valeur, au contraire. Suivant la rareté, la signature de l’objet et les matériaux utilisés, l’objet d’époque pourrait même continuer à prendre de la valeur avec le temps et dépasser largement le prix d’une réédition. Charlotte Perriand, Le Corbusier, Jean Prouvé et Charles & Ray Eames sont assurément des valeurs que l’ont peut qualifier de sûres.
Prenons justement un meuble emblématique de Charles & Ray Eames, le Lounge Chair dessiné en 1956. Ce fauteuil est aujourd’hui réédité par Vitra et coûte plusieurs milliers de francs. Combien vaut sa version d’occasion?
– Pour établir le prix d’un fauteuil Lounge Chair de Charles & Ray Eames, cela va dépendre de plusieurs critères, comme par exemple son ancienneté (à quelle période le fauteuil a été produit), le bois utilisé, la couleur du cuir, l’état de conservation général de l’objet, l’éditeur. Actuellement, le prix d’un modèle vintage se négocie en général moins cher qu’un modèle neuf. En plus, il bénéficie de dimensions légèrement plus larges et de coussins plus moelleux.

Fauteuil Lounge Chair de Charles & Ray Eames.
Un meuble vintage qui n’est pas signé par un célèbre designer peut-il avoir de la valeur?
– Assurément, ce qui compte c’est qu’il s’agisse d’un meuble qui a traversé le temps avec un design aux caractéristiques propres aux différents courants apparus dans le mobilier durant le XXe siècle. Le mobilier scandinave en teck des années cinquante ou soixante comporte de bons exemples de meubles non signés présentant une très belle cote depuis un certain nombre d’années.
Dans les années 2010, les meubles des années cinquante suscitaient un véritable engouement. Cette ferveur pour les 50’s est-elle toujours intacte?
– Le mobilier des années cinquante suscite toujours autant d’engouement auprès du public, comme le prouvent les résultats des ventes aux enchères. Le mobilier signé par des designers iconiques atteint même actuellement des prix stratosphériques aux enchères. Par exemple, les bibliothèques créées par Charlotte Perriand-Jean Prouvé se sont vendues à plus de 300’000 euros. Et que dire de la table Trapèze de Jean Prouvé, qui était estimée entre 400’000 et 600’000 euros, mais qui est partie avec chiffre record de 1,241’300 euros!
Il en est de même pour le mobilier italien griffé par des génies tels qu’Angelo Lelli ou Max Ingrand et celui de designers scandinaves, par exemple Arne Jacobsen et Paavo Tynell, qui va de record en record dans les salles de vente et dans les ventes de gré à gré.
Le mobilier des années cinquante et soixante signé par des designers iconiques reste tout en haut du tableau des meubles vintage ayant le plus de valeur et ce, depuis plusieurs années déjà…

Luminaire Stella, design Angelo Lelli, 1958. Photo: Piasa.
Les seventies sont en ce moment très à la mode. Quels sont les designers de cette époque que l’on redécouvre aujourd’hui?
– Effectivement, cette période est très à la mode en ce moment. On redécouvre Mario Bellini avec son canapé Camaleonda et Michel Ducaroy avec son canapé Togo. La Covid et les périodes de confinement y sont pour quelque chose. Le mobilier aux courbes douces et cosy de Pierre Paulin et Verner Panton sont très recherchées. Leurs couleurs chaleureuses et leurs formes arrondies apportent une touche pleine de gaieté et d’amusement.
Cependant, exception faite du mobilier signé par des designers tels que Pierre Paulin ou Verner Panton, la valeur du mobilier des années septante est restée stable. Peut-être que ce récent effet de mode aura pour conséquence d’augmenter un peu la valeur de ces objets qui restent très abordables sur le marché. Il est encore un peu tôt pour se prononcer.