Lumière sur l’architecture écologique
Le Global Award for Sustainable Architecture fête ses 15 ans. Depuis 2007, ce prix international récompense chaque année cinq architectes qui innovent pour faire face au défi crucial de notre siècle: préserver l’habitabilité du monde. Cette édition 2022 était centrée sur la thématique du territoire, non comme simple « surface d’inscription », mais comme « substrat vital et menacé » dont les architectes sont co-responsables. Les lauréats sont actuellement présentés à la Cité de l’architecture et du patrimoine à Paris.
1. Dorte Mandrup, architecte danoise
Des marais ocres de la mer des Wadden à l’immensité époustouflante de l’Arctique, Dorte Mandrup s’est faite une réputation en construisant dans des lieux exceptionnels, souvent protégés par l’UNESCO. Ses bâtiments comptent le récit des lieux dans lesquels ils s’inscrivent. « Si vous laissez le lieu « informer » l’architecture, celle-ci exprimera une abondance contextuelle, une richesse matérielle, une texture et un concept» explique l’architecte.
Ilulissat Icefjord Centre, Ilulissat, 2021. Architecte Dorte Mandrup.
2. Anupama Kundoo, architecte indienne
Anupama Kundoo propose une fusion entre les procédés constructifs occidentaux et sa culture d’origine, forte d’un grand savoir-faire malgré la faiblesse des moyens dans le pays. Elle mène de nombreuses recherches sur les matériaux pour développer un bâti accessible à tous et respectueux de l’environnement. Consciente que la matérialité de l’architecture est devenue très problématique, elle explique: « je considère toujours ce qu’un lieu peut déjà offrir: ce qui existe, ce qui est disponible en abondance. Ce n’est qu’ensuite que je cherche à célébrer ces découvertes en les combinant aux savoirs et au génie humains».
Sharana Daycare Center, Pondicherry, Inde, 2019 . Architecte: Anupama Kundoo.
3. Martin Rauch, constructeur autrichien
Depuis 30 ans, Martin Rauch redonne ses lettres de noblesses au pisé, une technique ancestrale d’utilisation de la terre argileuse que l’on compacte entre des planches de bois. Ancien céramiste et fondateur du bureau d’études Lehm Ton Erde, il a ouvert de nouveaux horizons pour l’architecture avec la préfabrication d’éléments en pisé de grandes dimensions. Sa démarche ne vise pas à altérer son matériau de prédilection – la terre crue – mais à développer pour lui des techniques constructives, un langage architectural et des outils appropriés.
Maison Rauch à Schlins, Autriche, 2008. Réalisation Martin Rauch.
4. Gilles Clément, paysagiste français
Ingénieur horticole, botaniste, paysagiste, Gilles Clément est une figure du débat écologique mondial. Appuyée sur de solides connaissances, son œuvre propose de nouveaux arts et métiers du paysage, fondés sur la libre évolution des espèces plutôt que leur asservissement. S’il aime intervenir dans les grands sites naturels ou historiques, Gilles Clément travaille aussi beaucoup sur la réparation écologique et sociale de la ville ordinaire, ses friches et ses délaissés.
Jardin du tiers paysage, Coloco Saint-Nazaire, France, 2009-2011. Création Gilles Clément. La Base de Saint-Nazaire est un legs de l’organisation Todt nazie datant de la seconde guerre mondiale.
5. Ömer Selçuk Baz et Okan Bal, architecte et urbaniste turque de l’agence Yalin
En Turquie, l’agence Yalin combat ce qu’elle nomme des « crimes urbains »: une absence de règles et d’éthique qui fait qu’on rase la ville ancienne au profit d’une « architecture de vitrine », tandis que la périphérie tourne au chaos. Pour faire école de simplicité, Yalin se consacre beaucoup à l’aménagement de sites naturels et culturels. Chaque projet s’enracine dans son territoire, lequel est aussi toujours un milieu humain: pour construire des édifices, Yalin visite les carrières et les briqueteries avoisinantes, ravive des métiers et des façons de bien faire.
Chantier du Musée régional de Cappadoce, Avanos, Anatolie centrale. Architectes: Yalin. Ce musée sera logé dans une ancienne carrière de la même manière que les hommes y creusaient leur habitat il y a des millénaires.
